Le leader des PGI, l’allemand SAP, a surpris son monde en annonçant des résultats financiers – provisoires – supérieurs aux prévisions des analystes financiers. Au quatrième trimestre 2002, les ventes de licences, l’indicateur clé de la bonne santé d’un éditeur, se sont établies à environ 950 millions d’euros. Des ventes certes inférieures de 8 % à celles de la même période de l’année précédente, mais, d’après l’agence Reuters, bien supérieures aux prévisions moyennes des analystes financiers. Et sur l’ensemble de l’année, l’éditeur vise un chiffre d’affaires légèrement supérieur à celui de 2001. Quant à sa marge opérationnelle, SAP estime qu’elle a progressé d’au moins un point en 2002 par rapport aux 20 % dégagés en 2001.
Même si une hirondelle ne fait pas le printemps, cette annonce a suscité un vent d’optimisme concernant la capacité des éditeurs de logiciels à relever la tête dans le marasme économique ambiant, et ce alors que les cabinets d’études de marché égrainent des prévisions peu encourageantes pour 2003. Les résultats relativement bons de SAP peuvent-ils être interprétés comme un signe du renouveau de l’édition logicielle ? Disons prudemment que c’est un indice favorable qui vient s’ajouter à d’autres, comme l’annonce des résultats trimestriels d’un des concurrents les plus directs de SAP, Oracle (voir édition du 19 décembre 2002), qui étaient également supérieurs aux attentes, conduisant l’éditeur à anticiper un retour à la croissance pour le trimestre en cours. Le pire, pour ces éditeurs, est peut-être derrière eux. Est-ce le cas pour tous ? La force de SAP et d’Oracle est d’être présents sur plusieurs marchés – les PGI, mais également le CRM, le SCM, l’e-business… – qui connaissent des cycles de croissance différents les uns des autres. Du coup, le déclin des ventes enregistré sur un marché peut être compensé en partie par le relatif dynamisme d’un autre. Avantage que les best of breed n’ont évidemment pas. Ainsi l’optimisme ne prévaut pas pour les spécialistes, tel Siebel, du CRM, marché en récession d’environ 30 % en 2002. Par ailleurs, dans ce contexte de fragilisation du secteur informatique, entraînant rachats, fusions, dépôts de bilan…, les entreprises ont tendance à se tourner vers les valeurs sûres du secteur afin de garantir la pérennité de leurs investissements. A l’évidence, SAP est de celles-là.
Evaluer les dépenses informatiques
Un optimisme tempéré donc, relativisé en outre par la difficulté à évaluer les dépenses informatiques des entreprises, et ce pour des questions de méthodologie en premier lieu. La plupart des études, telle celle de la société de Bourse Goldman Sachs (voir édition du 3 janvier 2003), sont en effet réalisées sur la base d’entretiens avec des directeurs informatiques de grands groupes. Elles ne portent donc que sur les dépenses des grands comptes. Or tous les groupes informatiques s’accordent pour reconnaître que c’est du côté du mid-market que se situe désormais leur principal foyer de croissance. Et les dépenses informatiques des entreprises de ce marché, du fait de leur éclatement, sont forcément difficiles à évaluer. Prenant en compte cette réalité, le baromètre réalisé par Roger NOP Technology , dont le site d’information ZDnet.fr se fait l’écho, a été établi sur la base d’une enquête menée auprès de plus de 1 100 entreprises. Du coup, il prévoit une croissance de l’ordre de 7 % des dépenses informatiques des entreprises européennes par rapport à 2002. A contrario, une étude de Merrill Lynch, qui sonde l’opinion de 100 décideurs européens de grands groupes, table sur une croissance de seulement 0,8 %.
En tout cas, c’est bien du côté du mid-market que les éditeurs attendent leur salut. On attend pour la fin du mois la présentation par Oracle de sa stratégie mid-market sur le marché français.
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