Il y a quelques jours, le Conseil d’Etat décidait d’autoriser la vente en ligne de tous les médicaments sans ordonnance.
Et l’un des vendeurs pionniers sur la toile française, 1001Pharmacies.com, était ravi tout en se plaçant en défenseur des officines contre E. Leclerc qui, à grand renfort de publicités (« on marche sur la tête »), voulait imposer au gouvernement et aux législateurs d’autoriser ses magasins à vendre eux aussi les médicaments non soumis à ordonnance…
Il faut dire que le schéma de 1001Pharmacies repose certes sur la vente des médicaments en ligne, mais via une place de marché regroupant des officines traditionnelles de pharmaciens.
Et Cédric O’Neill, pharmacien et co-fondateur de 1001Pharmacies, affirmait : « Que ce soit sur Internet ou en magasin, la pharmacie d’officine doit rester le monopole des pharmaciens et non des grandes surfaces de l’agro-alimentaire. »
1001Pharmacies, qui revendique 60 000 visiteurs uniques chaque mois, pas moins de 7 000 produits référencés et l’édification d’un réseau national de 40 pharmacies, ajoutait qu’aujourd’hui, en France, un tiers des officines se trouvent en difficulté financière tandis qu’une pharmacie disparaît tous les trois jours.
Un phénomène sans précédent pour les responsables du site qui ajoutent que celui-ci touche notamment les petites structures installées dans les zones peu densément peuplées, ce qui aggrave le phénomène inquiétant des déserts médicaux.
Dans ce contexte, et après donc que la France a autorisé, pour se mettre en conformité avec la loi européenne, la vente en ligne de médicaments sans ordonnance, 1001Pharmacies a tenu à souligner que le texte précisait bien que seuls les pharmaciens titulaires d’une officine et inscrits au Conseil de l’Ordre des Pharmaciens étaient en mesure de réaliser ce type de ventes.
Et, inquiétude du site, le gouvernement a décidé d’ériger un « Code de Bonnes Pratiques » qui prévoit des mesures restrictives, voire dissuasives pour la vente en ligne.
Dans la version actuelle du texte, explique Cédric O’Neill, ce code interdit au pharmacien de vendre ses produits moins chers sur la toile, l’oblige à facturer les frais de port au client et à posséder en stock, dans son officine, le produit proposé sur la toile…
Pour 1001Pharmacies, il apparait clair que ce texte reprend d’une main ce qu’il avait accordé de l’autre. « Cela montre un certain recul du gouvernement sur le sujet et représente une véritable entrave au développement de ce nouveau canal de distribution de certains produits de santé » affirment Cédric O’Neill et Sabine Safi, co-fondateurs de la plateforme 1001Pharmacies.
Aussi appellent-ils à la concertation avec le gouvernement en proposant un certain nombre de mesures concrètes. D’abord de suspendre temporairement l’application du Code et d’ouvrir une grande réflexion avec tous les acteurs du secteur ainsi que les instances concernées : pharmaciens d’officines et spécialisés dans la vente sur internet, associations de consommateurs, associations de patients, élus locaux, etc.
Ensuite de conserver la liberté de tarification pour préserver une saine concurrence, et éviter à la profession d’être attaquée par la Haute Autorité de la Concurrence. Ils expliquent que le Gouvernement veut interdire aux pharmaciens de vendre moins cher sur internet que dans leur officine alors que les médicaments autorisés pour la vente en ligne sont des produits dont le prix est totalement libre, donc variable d’une officine à l’autre. « Pourquoi devrait-on encadrer ces prix à la hausse sur Internet, comme l’exige ce Code ? » s’interrogent-ils avant d’affirmer « Il faut laisser la liberté aux pharmaciens de fixer les prix et laisser jouer la libre concurrence, tout en garantissant le bénéfice consommateur. »
Autre proposition importante des cofondateurs de 1001pharmacies face à une évolution de la vente en ligne de médicaments qui parait inéluctable : « le gouvernement et les autorités de santé doivent aujourd’hui accompagner cette transition et ne surtout pas la freiner ou l’empêcher de se développer. Ils doivent accompagner pharmaciens et patients vers une inévitable transition numérique, comprendre et en expliquer les enjeux à toutes les parties prenantes : internet comme relais de croissance pour les petites officines, l’apport d’un service complémentaire réel pour les patients à mobilité réduite ou isolés, etc. »
Enfin, pour Cédric O’Neill et Sabine Safi, il convient de « sortir des aberrations ». Des dispositions comme celle obligeant les pharmaciens à ne proposer sur Internet que des produits en stock dans l’officine démontrent selon eux une méconnaissance de la réalité économique, du mode de fonctionnement de cette profession et des besoins des consommateurs.
« Par exemple, un patient ayant besoin de commander un produit très rare ou très spécifique que les pharmacies de son quartier n’ont pas en stock devra se déplacer deux fois : une fois pour commander, une fois pour récupérer le produit. Quand il aurait pu n’avoir pas à se déplacer une seule fois sans cette disposition règlementaire », explique Cédric O’Neill.
Sabine Safi ajoute : « La vente en ligne n’est bien sûr pas la solution miracle, mais elle peut redynamiser certaines petites officines et éviter à des patients de faire plusieurs dizaines de kilomètres pour commander ou acheter une boîte de médicament. Nous engageons les autorités de santé à suspendre l’application du « Code de Bonnes Pratiques », afin d’engager une réelle discussion avec tous les acteurs du secteur. Si ce code, véritable non-sens économique, devait rester en l’état, il aurait pour conséquences d’empêcher tout développement de la vente en ligne par des officines françaises, obligeant nos concitoyens à se tourner vers des sites étrangers, dont la moitié des produits sont contrefaits. »
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