Verisign vient d’annoncer un accord avec l’Internet corporation for assigned names and numbers (Icann) qui lui permettrait de conserver le contrôle exclusif de la base de données qui gère les noms de domaine en « .com » au moins jusque 2007 et ceci tout en poursuivant ses activités d’enregistrement de noms de domaine. En 1993, Network Solutions (NSI, racheté par Verisign pour 20 milliards de dollars) s’est vu confier un monopole sur les noms de domaine qui lui a permis de facturer 70 dollars une licence pour deux ans. De quoi engranger de confortables profits. En octobre 1999, l’Icann et le ministère américain du Commerce décidaient de laisser jusqu’à mai 2001 à Verisign pour filialiser ses activités de vente d’adresses qui viennent en complément de la gestion des bases de données. L’Icann demandait aussi à Verisign de renoncer à l’enregistrement des nouveaux noms de domaine. Si la société n’avait pas obtempéré à la date fixée, elle aurait perdu son monopole en 2003, sinon ses pouvoirs auraient été reconduits jusqu’en 2007.
Verisign conserve sa poule aux oeufs d’or
Le nouvel accord dévoilé par Verisign lui permettrait de conserver son pouvoir sur les « .com » jusqu’en 2007 tout en continuant son activité d’enregistrement. En effet, la société propose d’abandonner le « .org » dès la fin 2002 en fournissant la gestion de sa base de données à un organisme à but non lucratif auquel elle offrirait même gracieusement 5 millions de dollars. Par ailleurs, Verisign s’engage à se départir du « .net » en 2006, soit un an avant la date prévue. Mais par contre, elle conserverait toute latitude sur les « .com » jusqu’en 2007 et s’engage à verser 200 millions de dollars à l’Icann sur les 10 prochaines années pour aider au développement de l’efficacité du registre. Pour ceux qui ne l’auraient pas compris, les noms de domaine les plus lucratifs sont bien entendu les « .com ».
Mis à part les implications financières d’un tel accord qui correspond ni plus ni moins au maintien d’un monopole, la cession de la gestion du « .org » à une autre structure risque de poser problème. En effet, ce domaine était au départ destiné aux organisations à but non lucratif, mais aujourd’hui de nombreux détenteurs de « .org » ne satisferaient pas à des conditions restées longtemps floues. Si bien qu’ils risquent de perdre leur nom de domaine. On imagine les ennuis que cela suppose, les protestations et autres procès qui en découleront.
Un accord pas encore entériné
L’accord proposé par Verisign doit encore être approuvé par le ministère américain du Commerce et le bureau directeur de l’Icann. L’Internet corporation for assigned names and numbers se réunit du 9 au 13 mars à Melbourne en Australie, l’organisme a lancé il y a peu une consultation sur l’initiative « At large membership » qui permet l’élection de membres du directoire directement par les internautes. Lors de la réunion de Melbourne, un forum public sera consacré à l’accord avec Verisign, en attendant un forum est ouvert sur le site de l’Icann. Les protestations affluent. Le 1er mars, jour de l’annonce de Verisign, son action a gagné 13 %. D’après un analyste financier cité par le New York Times, deux tiers des revenus de Verisign – qu’il estime à près d’un milliard de dollars pour l’année prochaine – proviendraient de son activité en rapport avec les noms de domaine.
Pour en savoir plus : La page de l’Icann sur l’accord avec Verisign
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