Verizon ne voudrait plus payer 4,8 milliards de dollars pour Yahoo
Entre hack et espionnage, la tourmente de Yahoo aurait refroidi Verizon, qui chercherait à négocier un rabais d’un milliard de dollars sur le prix d’achat.
Victime d’un gigantesque vol de données et pointé du doigt pour avoir coopéré avec le renseignement U.S., Yahoo vaut-il encore ce que Verizon a mis sur la table cet été ?
Le groupe télécoms américain avait signé, en date du 23 juillet 2016, un accord à 4 825 800 dollars pour reprendre l’essentiel des activités* de la société Internet pionnière.
Dans la pratique, Verizon ne doit pas s’emparer directement de Yahoo. Il absorbera une filiale montée pour l’occasion et la fusionnera avec AOL, dont le CEO Tim Armstrong prendra le contrôle du nouvel ensemble.
Pour l’heure, le dirigeant serait plutôt occupé à renégocier le prix d’achat.
Le New York Post, qui s’appuie sur les témoignages de plusieurs sources dites « proches du dossier », fait état de discussions houleuses avec le top management de Yahoo autour d’un rabais d’un milliard de dollars.
Une somme qui, dans l’esprit de Verizon, servirait à couvrir les dépenses inhérentes au hack de Yahoo, pour lequel le bilan officiel est d’au moins 500 millions de comptes – sachant qu’on voit circuler des estimations crédibles allant jusqu’au milliard d’utilisateurs touchés.
Tromperie sur la marchandise ?
Ce qui pose particulièrement problème au groupe télécoms, c’est le timing des événements. La nouvelle ne lui est parvenue que très peu de temps avant l’officialisation du piratage le 22 septembre dernier. Or, il semble que certaines personnes chez Yahoo étaient informées – dont la patronne Marissa Mayer depuis le mois de juillet – et qu’elles ont préféré ne pas communiquer, de peur de compromettre la revente du cœur d’activité de la société.
Le dénommé Ronald Schwartz, résident de New York, invoque cet argument devant la justice californienne dans le cadre d’une plainte qu’il entend transformer en recours collectif.
S’y sont ajoutées les révélations de Reuters sur ce « programme espion » que Yahoo aurait accepté de développer sur demande du renseignement américain, pour scanner tous les contenus circulant sur son service de messagerie électronique.
Ce dispositif, que certains experts de la surveillance électronique considèrent comme du « jamais vu », aurait notamment entraîné le départ d’Alex Stamos, responsable de la sécurité des systèmes d’information. Il ne figure pas dans le rapport semestriel de « transparence » que Yahoo publie pour faire la lumière sur les demandes que lui adressent la NSA et consorts. Le groupe n’en a toutefois pas démenti l’existence supposée.
* Verizon laisse de côté des brevets, des propriétés immobilières et des participations minoritaires de Yahoo (dans Alibaba et Yahoo Japan notamment), ainsi que sa trésorerie et les obligations convertibles. L’échéance du 1er trimestre 2017 a été définie pour la validation de l’opération.