Moins d’un petit mois près avoir été déclaré coupable d’abus de position dominante (voir édition du 4 avril 2000), Microsoft saura enfin savoir quelle peine la justice américaine lui infligera. Sans grande surprise à attendre, le Département de la Justice de Janet Reno ayant publié en début de semaine un rapport indiquant ses recommandations à la cour. Bill Gates a déjà prévenu que quelque soit la sanction, sa société fera appel.
Vraisemblablement, le juge demandera l’éclatement de Microsoft en deux entités distinctes, qui ne pourraient pas se rapprocher avant 10 ans. La première serait entièrement consacrée aux systèmes d’exploitation, Windows 9x, Windows 2 000 et WindowsCE. Quant à l’autre division, elle prendrait en charge?tout le reste. Soit de MSN à DirectX en passant par les claviers et souris ou la future X-Box. En plus clair la firme de Redmond pourra continuer à faire ce qui lui est justement reproché par la justice américaine, c’est à dire la vente groupée. Par exemple, Microsoft pourra continuer à intégrer dans son traitement de texte Word une application de synthèse vocale qui lui appartient aussi, au détriment de produits concurrents. Bill Gates avait beau affirmer, dans une interview cette semaine à l’agence de presse Reuter, que ce démantèlement serait un évènement très inopportun pour les consommateurs, on est quand même en droit de se demander ce que cela changera.
Ce qui fait plus peur à Bill Gates, et surtout aux analystes financiers, c’est le coût de cette restructuration. En effet, scinder le géant de Redmond en deux risque de coûter beaucoup d’argent au moment même où Microsoft a besoin d’énormément de liquidités pour financer son expansion sur Internet et dans le domaine des appareils domestiques. Pourtant, d’autres experts s’inscrivent à l’encontre des discours entendu ça et là, en particulier dans la presse financière. En effet, pour ces spécialistes du marché informatique, la scission pourrait être une chance pour Microsoft plus qu’une punition. Elle permettrait une plus grande réactivité des équipes marketing et développement face à des marché qui évoluent très vite. Autre argument mis en avant par ces sceptiques, Microsoft va pouvoir se placer en victime auprès des consommateurs, face à la « méchante » administration américaine qui cherche à stopper cette « locomotive de l’innovation » qu’est l’inventeur de l’écran bleu.
La sanction de l’honorable juge Thomas Jackson devrait être connue ce soir heure de Paris et sera valable pour les 19 états ayant porté plainte contre Microsoft.
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