VIA prépare un ‘clone du P4’ : gaffe ou provocation ?
Un représentant de VIA Technologies a profité du Microprocessor Forum pour dévoiler l’intention de sa société de cloner le Pentium 4 d’Intel. Une annonce qui n’engagerait que son auteur. Mais quel qu’en soit l’objectif, cette petite provocation montre que VIA est prêt à en découdre avec le géant Intel.
« Si Intel ne nous accorde pas la licence pour le bus du Pentium 4, nous réaliserons notre propre Pentium 4. » Telle est l’étonnante déclaration faite par C. J. Holthaus, président de Centaur Technology, une division de VIA Technologies, à l’occasion du Microprocessor Forum. Doté d’un pipeline à 18 registres, ce processeur au nom de code CZA tournerait à 2 GHz et serait gravé en 0,10 micron pour une production prévue en 2003 ou 2004. Si le porte-parole de VIA en France reconnaît l’existence de cette déclaration, il s’empresse de préciser qu’il s’agit d’une annonce « un peu prématurée » et qui n’engagerait que son auteur et non la société qu’il représente. Il n’est certes pas impossible que le président de Centaur ait gaffé. Tout comme il est tout à fait possible que l’annonce d’un « clone du P4 » ne soit pas anodine.
En effet, n’importe qui ne peut pas se permettre d’aller provoquer Intel sur ses propres terres. Certes, les attaques en justice que se lancent Intel et VIA depuis la fin de l’été autour de la légalité commerciale du P4X266 ? qui, rappelons-le, offre au Pentium 4 l’accès à la DDR-SDRam 266 au lieu de la coûteuse RDRam ? sont propices à un climat de provocations. Mais plus prosaïquement, VIA se sent probablement en mesure d’affronter le géant de Santa Clara. Non pas financièrement – Intel a généré un chiffre d’affaires de 6,5 milliards de dollars au 3e trimestre 2001 alors que VIA n’a pas atteint le milliard pour la totalité de l’année 2000 – mais stratégiquement et techniquement. En se lançant dans la commercialisation de cartes mères (voir édition du jour), comme Intel il y a moins de dix ans, VIA rapproche le contenu de son catalogue de celui d’Intel. Des chipsets aux CPU en passant par les processeurs graphiques et de communication réseau, VIA n’a pas à rougir de ses produits face à ceux du fondeur de Santa Clara. Et si son processeur C3 est loin d’atteindre les performances du P4, VIA ne se gêne pas pour mettre en avant la qualité de ses circuits logiques destinés aux puces Intel comme AMD. Enfin, difficile à percevoir en Occident, VIA entretient une image d’empire sur la côte asiatique, tant à Taiwan qu’en Chine. On se sent toujours plus fort quand on est soutenu. Vrai que Richard Brown, lors de l’entretien qu’il nous avait accordé à propos du lancement des cartes mères VIA, se montrait très confiant dans les capacités de sa société : « Nous pouvons faire la même chose qu’Intel. »