Vie privée : l’étau se referme sur les boutons sociaux de Facebook
Après Apple, Adblock Plus : les initiatives se multiplient en faveur du blocage des « boutons sociaux » que Facebook et consorts exploitent pour pister les internautes.
Pas besoin d’attendre septembre pour pouvoir bloquer les « boutons sociaux » qui permettent à Facebook de vous pister sur les sites web.
Telles sont les grandes lignes d’un message qu’eyeo a fait passer aux internautes dans un timing stratégique.
L’éditeur allemand d’Adblock Plus a, en l’occurrence, choisi de communiquer dans la continuité de la conférence WWDC d’Apple.
À cette occasion ont été dévoilées les nouveautés qu’iOS 12 et macOS 10.14 – dont la disponibilité générale est prévue en septembre – apporteront en matière de vie privée.
Référence a été faite à Facebook lors de l’annonce d’une mise à jour de la technologie Intelligent Tracking Protection (ITP), destinée à limiter le pistage des internautes par le biais desdits boutons sociaux.
La prochaine version d’ITP avertira systématiquement les utilisateurs et leur donnera le choix de bloquer la transmission d’informations.
Souhaitant intégrer un système comparable dans Adblock Plus, eyeo a décidé de prendre la température auprès de sa communauté. Non sans donner rappeler l’existence, dans les paramètres du bloqueur de pub, d’une option de désactivation des « icônes des médias sociaux ».
Le dispositif est basé sur la liste de filtres additionnels « Fanboy’s Social Blocking List » (ex-« AntiSocial »). Facebook y figure au même titre que Twitter, Instagram, Google+, LinkedIn, Snapchat, YouTube, Tumblr, reddit, MySpace ou encore Pinterest.
Fonctionnant avec d’autres logiciels tels AdBlock et uBlock Origin, la « Fanboy’s Social Blocking List » est aussi incluse dans la « Fanboy’s Annoyance List ». Celle-ci étend le blocage aux pop-up et « autres éléments ennuyeux » (modules Taboola, flux RSS, boutons d’abonnement aux newsletters…).
Le poids des années
La principale cible de cette initiative n’est autre que Facebook. Son exploitation des boutons sociaux a retenu l’attention de nombreuses autorités à travers le monde. Tout particulièrement la CPVP.
L’équivalent belge de notre CNIL suit le dossier depuis 2015, consécutivement à une révision de la politique de Facebook relative aux données et aux cookies.
Une expertise technique conduite avec des universitaires a laissé apparaître que les boutons sociaux étaient utilisés pour suivre tous les internautes, y compris ceux non inscrits.
La CPVP avait demandé à Facebook de renoncer à ce dispositif, sauf avec le consentement indubitable et spécifique des personnes concernées, via un opt-in et dans la mesure où cela est strictement nécessaire*. Elle avait saisi le tribunal néerlandophone de première instance de Bruxelles, qui avait prononcé, en novembre 2015, une sanction en référé.
Sous la menace, Facebook avait fermé l’accès à l’ensemble de ses services pour les internautes belges non inscrits. Motif : à défaut de pouvoir collecter des données, la sécurité n’est plus assurée (l’identification des navigateurs devant minimiser les risques de piratage et de création de faux comptes).
À la mi-2016, la cour d’appel de Bruxelles avait renversé le jugement, se déclarant incompétente pour trancher le litige. Elle avait recommandé aux parties de porter l’affaire auprès de la justice en Irlande, où se trouve le siège social européen de Facebook.
La condamnation de Facebook sur le fond est intervenue en février dernier. Une procédure d’appel a été enclenchée.
* La CNIL va dans le même sens. Elle estime que le consentement préalable des internautes est nécessaire au vu des cookies que déposent les boutons de partage proposés par les principales plates-formes sociales.
Crédit photo : stockcatalog via Visualhunt / CC BY