Avocats, médecins, enquêteurs, journalistes : autant de professionnels qui vont devoir redoubler de vigilance dans la protection des données personnelles qu’ils sont amenés à manipuler.
C’est l’un des nombreux avertissements émis par Edward Snowden dans une interview vidéo accordée au Guardian. Aujourd’hui âgé de 31 ans, l’ex-consultant rattaché à l’Agence américaine de sécurité nationale (NSA) a mis à profit cet entretien réalisé à Moscou le 10 juillet dernier pour faire un point global sur la situation un an après ses premières révélations autour de l’affaire PRISM.
Démentant toute collaboration avec le gouvernement russe, il se dit toutefois « très heureux » d’avoir été accueilli par le Kremlin. Et d’ajouter : « Ma comparution aux Etats-Unis n’est pas comparable à l’heure actuelle. Nous avons demandé à plusieurs reprises que soit organisé un procès équitable, mais la justice sur place n’a rien voulu en savoir« .
Interpellé quant aux implications de la technologie sur la vie privée, le lanceur d’alertes assure que les deux notions ne sont pas nécessairement en antagonisme. « Ce sont [les] gouvernements qui cherchent à imposer une distinction entre l’information ‘papier’ et celle au format numérique […], car ils se sont aperçus que cela facilite grandement leur travail de recherche« .
Edward Snowden s’arrête un instant sur le cas de la presse. Décrivant les journalistes comme des cibles privilégiées du renseignement, il les enjoint à « faire constamment attention à toute forme de communication électronique […], y compris lorsqu’ils utilisent leur carte de crédit« . Assimilant les smartphones à des « microphones réseau », il ajoute : « Il faut aller au-delà du modèle décrit par Orwell dans ‘1984’ en se disant que la technologie moderne est beaucoup plus imprévisible« .
Edward Snowden suggère également d’adopter un « zero knowledge system » grâce auquel les fournisseurs de solutions cloud ne pourraient pas savoir quelles données ils hébergent. Saluant les efforts de SpiderOak pour protéger la vie privée de ses utilisateurs, il fustige au contraire la position de Dropbox, une société « hostile à la vie privée [et] qui vient d’accueillir, à son conseil d’administration, Condoleeza Rice […], à l’origine de lois liberticides« . Son avis sur Skype et Google Hangouts est tout aussi tranché : « Nous ne devrions pas leur faire confiance sans avoir vérifié ce qu’ils font réellement de nos données« .
Autre point abordé par l’ancien sous-traitant de la NSA : le pouvoir que l’agence accorde à son personnel – dont « des jeunes de 18 à 22 ans » – pour accéder à des milliers de documents privés. « Ces collaborateurs tombent souvent sur des personnes qui n’ont rien à voir dans leurs enquêtes, mais qui peuvent se trouver dans des situations compromettantes« . Il poursuit : « J’ai notamment vu des collègues se passer des photos de personnes nues au physique plutôt avantageux […], sans jamais qu’aucun rapport ne soit établi à ce sujet« . Tout en résumant : « Le fait que des moments de vie intime aient été soustraits au destinataire d’origine et fournis au gouvernement sans aucune forme d’autorisation particulière constitue, en soi, une violation de droits« .
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