Vivendi et Vodaphone se fiancent
Face à AOL-Time Warner, les européens se décident à réagir. L’alliance entre le britannique Vodafone et le français Vivendi va donner naissance à une entreprise capable de concurrencer les grands groupes qui sont en train de se former outre-atlantique. Acte fondateur de ce mariage : la création d’un portail Internet tous azimuts.
Le bruit courait depuis plusieurs semaines et l’annonce a été rendue publique ce week-end : Vodafone, leader mondial de la téléphonie mobile, et Vivendi, premier acteur européen de la télévision payante, vont s’allier pour créer une joint venture dans le domaine de l’Internet. La nouvelle structure sera contrôlée à 50/50 par les deux groupes, Vivendi s’engageant par le biais de sa filiale fraîchement crée V Net. La première action de cette nouvelle société, pour l’instant nommé MAP (pour Multiple Access Portal), sera, comme son nom l’indique, de créer un portail destiné à tous les clients des deux firmes. Entre les abonnés de Canal+, de Canal Satellite et de Vodafone Airtouch (le service de téléphonie mobile du britannique), c’est en tout près de 70 millions de clients potentiels que ce portail pourraient toucher dès son lancement en juin prochain.L’alliance est d’autant plus ambitieuse que le but est de fournir du contenu à tous les types d’appareils pouvant se connecter à l’Internet. PC, décodeur Internet pour la télévision, PC de poche, téléphones mobiles, tout y passe. Vivendi possède déjà tous les sites adéquats pour des services comme la météo, l’actualité financière ou les réservations de places de cinéma. De son coté, Vodafone a présenté en décembre sa plate forme d’accès mobile à l’Internet. Lors de la présentation de la nouvelle entité, Jean Marie Messier, le président de Vivendi, a donc mis l’accent sur les possibilité offertes par le protocole Wap (Wireless Application Protocol) en particulier. Reste que cette technologie qui fait couler beaucoup d’encre a pour l’instant bien du mal à démontrer ses atouts. Un analyste d’IDC a par exemple indiqué que certains des utilisateurs actuels avaient subi un vrai choc en recevant leur facture, surtout en raison du temps de connexion nécessaire à l’utilisation des services Internet accessibles par le Wap. Il indique en substance que le temps pris par les téléphones Wap pour se connecter pouvait ajouter des secondes très chères. « L’établissement de la liaison est trop lent et peut prendre jusqu’à 15 secondes » a t-il estimé. Les consommateurs apprécieront, et attendront peut-être les mobiles de troisième génération utilisant la norme de transmission haut débit UMTS.Le grand perdant de ce mariage est l’allemand Mannesmann, dont Vodafone essaie de prendre le contrôle depuis plusieurs semaines et qui compte déjà parmi ses actionnaires Vivendi. L’opérateur allemand est en effet de plus en plus isolé, Vivendi devant être son soutien dans la bataille engagée contre Vodafone. Preuve de cet isolement, les prévisions de la nouvelle structure Vivendi/Vodafone incluent d’ores et déjà les abonnées de Mannesmann en Allemagne. Comme si l’affaire était faite, au dépende de l’allemand. De plus Vivendi souhaite récupérer les 7,5% du capital de Cegetel que détient Mannesmann pour ainsi disposer d’une majorité de 51,5% au conseil d’administration de sa filiale téléphonique. Enfin, si aucun chiffre n’a été avancé en terme de capitalisation boursière, l’introduction sur les marchés financiers de MAP pourrait être très rapide, Vivendi ayant besoin de liquidité à l’heure actuelle pour se désendetter et financer sa croissance. Optimiste, Jean Marie Messier est persuadé que la nouvelle structure vaut bien plus que 10 milliards d’euros et que « bien vite, (MAP) sera supérieur à tous les Yahoo du monde ». L’optimisme n’a jamais tué personne.