Vivendi voudrait bien mater l’outrecuidance d’Orange
Le patron du groupe de communication dénonce le jeu caché de l’opérateur sur les volets réseaux et contenus vidéo. Et les seconds couteaux s’en mêlent…
C’est la guerre entre le groupe Vivendi et France Telecom/Orange. Et pour ceux qui en doute encore, l’interview « coup de poing » que Jean-Bernard Levy, Président du directoire du groupe Vivendi, a accordée aux Echos dans son édition du 13 juin, est très instructive. Elle synthétise les principales critiques adressées à l’opérateur télécoms, accusé de cacher son jeu à différents niveaux. En particulier sa stratégie de contenus et son influence sur les réseaux.
Première salve de critiques qui touche le coeur de business de Vivendi : Orange TV, considéré comme une nouvelle offre « TPS Star » du nom de l’ancien bouquet satellite rival de Canalsat (propriété de Vivendi). Certes, entre-temps, Canalsat a avalé TPS mais Vivendi voit d’un mauvais oeil l’incursion d’Orange dans les contenus audiovisuels voire cinématographiques (France Telecom dispose désormais de son propre studio de production).
« La réalité, c’est que France Télécom devient un groupe de télévision. Il doit accepter que les règles du jeu soient les mêmes pour tous », assène Jean-Bernard Levy, qui demande « une clarté dans les comptes » de l’opérateur pour éviter « des subventions croisées ».
Toujours dans l’entrevue accordée aux Echos, le président du directoire du groupe Vivendi défend aussi les intérêts de son entité SFR-Neuf Cegetel. Il revient à la charge concernant les risques d’un renforcement de monopole de France Telecom dans le cadre du déploiement de la fibre optique.
L’idée de séparer le réseau physique des services télécoms de l’opérateur, soufflée par la Commission européenne et appliquée en Grande-Bretagne, est séduisante, dans les yeux de Jean-Bernard Levy. « Les pouvoirs publics doivent s’attaquer à la rente excessive dont dispose France Telecom grâce à l’abonnement et au dégroupage. »
Duel télécoms-Audiovisuel à Convergence 2008
Naturellement, Orange ne partage pas ce point de vue. Néanmoins, il ne cache plus ses ambitions d’acquérir des contenus premiums (football, cinéma, programmes télé…) afin de se différencier de ses concurrents multi play.
Une stratégie qui l’amène à désigner des managers à des postes-clés pour assouvir ses ambitions : ainsi, le 5 juin, Orange a officialisé la nomination de Xavier Couture au poste de directeur de sa division Contenus, tous supports confondus (mobile, Web ou télévision). Le monde est petit : ce professionnel de l’audiovisuel a assumé la présidence du groupe Canal Plus dans la période 2002-2003.
Et la bataille se propage à tous les niveaux : prenons le cas de Raoul Roverato, directeur exécutif en charge des nouvelles activités de croissance chez Orange. Le 30 mai dernier, lors du séminaire Convergence 2008 organisé au premier étage de la Tour Eiffel par l’institut Premier Cercle, le haut responsable d’Orange a été pris à parti par « le tigre » Guy Lafarge, en qualité de directeur général adjoint de Canal Plus.
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