VizEat lève 3,8 millions d’euros : de la France à la Chine dans le « social dining »

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La Chine plutôt que les États-Unis : la start-up française VizEat a sa feuille de route pour internationaliser sa plate-forme de « social dining ».

Ouvrir des bureaux en Allemagne et au Royaume-Uni pour y développer sa communauté et ses partenariats avec les acteurs du tourisme, explorer des pistes dans les services BtoB… et décliner son offre en version chinoise : tels sont les principaux objectifs de VizEat après son dernier tour de table.

La start-up basée dans le 10e arrondissement de Paris a levé 3,8 millions d’euros auprès d’un bouquet d’investisseurs dont l’identité n’est pas dévoilée.

Tout au plus Jean-Michel Petit nous confirme-t-il que l’opération, qui prend la forme d’une augmentation de capital, est souscrite « de façon minoritaire » par Eurovestech.

Le P-DG et cofondateur* de VizEat, ancien directeur du e-commerce chez Compaq, puis du développement chez Altavista, connaît bien ce fonds sis au Royaume-Uni, pour en avoir été directeur des investissements et membre du board.

C’est d’ailleurs auprès d’Eurovestech que la jeune pousse avait bouclé son premier tour de financement (1 million d’euros), à l’été 2014. Elle venait d’ouvrir au public ce qu’elle décrit dans ses CGU comme « une plate-forme de référencement et d’échange facilitant la mise en relation de personnes physiques souhaitant faire connaissance autour d’un repas ».

J’irai dîner chez vous

Concurrent, dans la galaxie francophone du social dining, de VoulezVousDîner, Kelplat ou encore Surfing Dinner, VizEat s’était distingué début 2015 en s’emparant du français Cookening, positionné sur le même créneau. Une acquisition qui a essentiellement permis de développer la base d’utilisateurs, dont certains sont à la fois des « hôtes » et des « invités », selon la nomenclature officielle de la plate-forme.

Avant de pouvoir accueillir des « invités », les « hôtes » doivent obligatoirement fournir certaines informations, dont la date et la plage horaire des repas qu’ils souhaitent organiser, l’adresse postale, la structure du menu, au moins une photo du type de plats ou du lien de la rencontre, la capacité d’accueil, la présence potentielle d’animaux… et la contribution demandée.

Cette dernière est majorée de 15 %, correspondant à la commission de VizEat, sachant que le prix des repas peut varier d’une dizaine d’euros à plus d’une centaine (des « jeunes de Berlin » aux « MasterChef », pour reprendre les propos de Jean-Michel Petit, qui insiste sur le caractère « non élitiste » de la plate-forme).

Au-delà des repas, l’aspect « expérience culinaire » est décliné, entre autres, sous la forme de tours de marchés, de dîners insolites et de cours de cuisine. Dans tous les cas, le paiement, effectué en ligne et géré par Stripe, est reversé à l’hôte après la rencontre. VizEat rappelle que ces revenus sont à déclarer en tant que « bénéfices non commerciaux ».

Des voyageurs plus autonomes

Accessible via une application iOS lancée en juin, le service – proposé en français, anglais, allemand, italien et espagnol – n’est pas encore disponible sur les mobiles Android. Il faudra attendre le mois d’octobre.

D’ici là, on surveillera la mise en place de la version chinoise, qui acceptera les règlements via UnionPay.

VizEat a fait de l’empire du Milieu un marché prioritaire : 45 % des voyageurs qui en proviennent sont au moins semi-autonomes.

« Les nouvelles génération passent de moins en moins par des tour-opérateurs », explique Jean-Michel Petit. Et par rapport aux questions qui peuvent se poser sur l’hébergement entre un hôtel et une location de type Airbnb, « le social dining est une expérience de quelques heures qui ne nécessite pas de changer ses habitudes de voyage ».

Alors que de nombreuses start-up inscrivent les États-Unis en tête de leur agenda, la stratégie est moins pertinente dans le monde du social dining : sur les 1,2 milliard d’arrivées de touristes internationaux recensées en 2015 par l’Organisation mondiale du tourisme, 53 % se sont faites en Europe.

Mais il n’y a pas, sur le Vieux Continent, que des marchés « récepteurs ». Certains pays sont aussi « récepteurs », à l’image de l’Allemagne, troisième pays au monde en termes de dépenses touristiques.

Jonctions touristiques

L’expansion à l’international est déjà bien entamée au regard des chiffres que nous communique VizEat : sur quelque 20 000 hôtes revendiqués, seuls 3 000 sont basés en France, où le partenariat noué l’année passée avec Airbnb à l’occasion de sa convention annuelle a permis d’élargir considérablement la base clients.

Au rang des partenaires figurent aussi des transporteurs, comme Interrail ; et des agences telles que Voyageurs du Monde, spécialiste des voyages sur mesure. Mais aussi des groupes hôteliers, qui « préfèrent se concentrer sur l’hébergement », en phase avec le déclin de l’all inclusive.

On notera que VizEat, dont la politique de confidentialité est en anglais, se réserve une licence « non exclusive, transférable, sous-licenciable, sans redevance et mondiale » pour l’utilisation des contenus de propriété intellectuelle publiés sur le site ou en relation avec le site. « Vous nous autorisez à utiliser le contenu utilisateur sans contrepartie financière […] tant à des fins de communication externe et interne, qu’à titre institutionnel, événementiel, promotionnel ou publicitaire », précise la SARL qui compte une vingtaine d’employés.

* Aux côtés de Jean-Michel Petit, on trouve Camille Rumani, directrice des opérations, issue de Sup de Co Reims.

Crédit photo : Goran Bogiecevic – Shutterstock.com


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