Voiture autonome : Uber et Tesla passent prudemment la seconde
Elon Musk (Tesla) et Travis Kalanick (Uber) avancent avec précaution sur le dossier des véhicules autonomes. L’humain n’est pas encore écarté de l’équation.
Deux dirigeants, deux visions du véhicule autonome ? Pas forcément.
On retrouve, dans les propos d’Elon Musk et de Travis Kalanick, une ligne directrice : le paramètre humain n’est pas près d’être éliminé dans l’exercice de la conduite.
Le premier, cofondateur et CEO de Tesla Motors, reconnaît qu’il faudra roder « sur plusieurs millions de kilomètres » la nouvelle génération de son dispositif de pilote automatique.
Basé, selon The Verge, sur une plate-forme Nvidia Titan, le système est dit « 40 fois plus puissant » que celui qui équipe actuellement les Tesla. On passe notamment de 1 à 8 caméras 360 degrés avec visibilité à 250 m, le tout additionné de 12 capteurs à ultrasons pour la détection d’obstacles et d’un radar à l’avant pour les conditions difficiles (pluie, brouillard, poussière…).
Ce kit sera désormais intégré de série sur l’ensemble des Tesla ; y compris les Model S et Model X actuellement en production. Le temps de l’optimiser, certaines fonctions critiques resteront gérables par le conducteur : correcteur de trajectoire, détection de collision, freinage d’urgence, etc. Elles seront progressivement attribuées à la machine, via des mises à jour en OTA (« over the air »).
L’ordinateur ne sera pas pour autant passif : il gardera trace de toutes les décisions qu’il aurait prises. Tesla espère que les éléments ainsi remontés permettront de démontrer que des accidents auraient pu être évités.
L’homme n’est pas encore ubérisé
Elon Musk promet, d’ici à fin 2017, une expérimentation de trajet en voiture autonome entre Los Angeles et New York.
Du côté d’Uber, on a déjà lancé une offre commerciale, à petite échelle. En l’occurrence à Pittsburgh. Depuis quelques semaines, les plus fidèles clients ont l’occasion d’effectuer un trajet à bord d’une Ford Fusion autonome.
La flotte est progressivement déployée en coordination avec le laboratoire de recherche « Advanced Technology Center » qu’Uber a ouvert sur place début 2015.
D’après Travis Kalanick, il est impératif de se préparer à « ce qui sera la prochaine révolution dans le monde des transports ». Pour autant, le dirigeant, invité à la 3e édition du Vanity Fair Establishment Summit, est formel : la transition ne se fera pas du jour au lendemain. Elle sera même « beaucoup plus longue qu’on ne le suggère », non seulement au regard du défi technologique, mais aussi des nombreuses questions éthiques et réglementaires associées.
Pour Uber, qui revendique 40 millions de clients actifs et un volume d’affaires de 1,5 à 2 milliards de dollars par mois pour ses chauffeurs, éliminer le paramètre humain reviendrait à augmenter la rentabilité du service*… même si Travis Kalanick met en avant la sécurité des usagers de la route, le décongestionnement du trafic et la récupération de l’espace urbain actuellement utilisé par les voitures en stationnement.
* Uber aurait perdu 520 millions de dollars au 1er trimestre 2016 et 750 millions de dollars au 2e trimestre, selon Bloomberg. Les investissements consentis sur le marché chinois – finalement abandonné – pèsent dans la balance.