Nissan qui s’appuie sur la plate-forme cloud Microsoft Azure, Audi qui exploite les semi-conducteurs de Qualcomm, Ford allié à Amazon autour de l’assistant personnel Echo, BMW associé à AT&T sur la partie connectivité, de nouveaux concept cars…
Les liens tissés entre constructeurs automobiles et sociétés high-tech transparaissent sur l’espace « voiture connectée » du CES de Las Vegas.
La place accordée à cette thématique est impressionnante : près d’un quart de la surface totale occupée par le salon, d’après la presse sur place. Mais elle est à la hauteur des enjeux. En l’occurrence, une révolution potentielle dans les habitudes de déplacement et de consommation… comme dans les modèles économiques sous-jacents.
Dans un contexte d’essor de l’autopartage, des applications mobiles de transport de particuliers et à plus long terme des voitures autonomes, on peut comprendre que des sociétés telles qu’Uber affichent une valorisation supérieure à celle des constructeurs.
Ces derniers, devenant des maillons secondaires, cherchent à développer – ou à s’attacher – une expertise dans le logiciel, les services et la relation client. Il n’est plus rare de les voir présenter des nouveautés à l’occasion de l’événement technologique qu’est le Consumer Electronics Show, plutôt que dans le cadre de l’International Auto Show, dont la session nord-américaine a traditionnellement lieu à une semaine d’intervalle.
Ainsi, General Motors et Volkswagen ont-ils tous deux présenté un véhicule électrique : une version de production de la Chevrolet Bolt EV pour le premier ; un concept car pour le second.
Du côté d’Audi, on a mis en avant le « Virtual Cockpit », ce tableau de bord 100 % numérique que l’on trouve notamment dans une déclinaison du coupé TT.
Face au conducteur, un écran de 31 cm avec des graphismes 3D et un mode « info-divertissement » qui relègue les compteurs en arrière-plan pour donner la priorité à des éléments comme la navigation.
Ford compte faire de même avec sa Mustang, en ajoutant trois autres écrans dans l’habitacle, dont l’un en face du passager et un autre à la place de celui traditionnellement monté sur la console centrale, selon L’Argus.
Le groupe américain s’est projeté à plus long terme lors de sa conférence au CES 2016. Il a tout particulièrement évoqué les perspectives ouvertes par l’évolution de son dispositif de balayage laser (lidar), dont la troisième génération est miniaturisée, avec une portée allongée à 200 m.
Ce qui va permettre de n’en installer plus que deux – au lieu de quatre – dans les véhicules autonomes actuellement en expérimentation sur les routes américaines.
Ces « Fusion Hybrid » seront bientôt une trentaine à rouler, soit trois fois plus qu’actuellement.
À défaut d’annoncer ce partenariat pressenti avec Google (des discussions ont bien eu lieu, mais n’ont pas abouti, selon la BBC), Ford a fait la jonction avec la maison connectée, avec le dispositif Echo d’Amazon en guise de passerelle.
L’assistant personnel Alexa intégré au sein du produit va pouvoir être utilisé dans les deux sens entre la voiture et les équipements du foyer. On pourra donc éteindre des lumières ou fermer un portail depuis le siège conducteur, tout en faisant chauffer l’habitacle et en chargeant une liste de lecture sur l’autoradio depuis son canapé.
Pour les éditeurs, la problématique s’aborde sous un autre angle. Microsoft va jusqu’à considérer que la voiture connectée n’est « qu’un autre appareil » mis sur le même plan qu’un smartphone ou une tablette.
Ainsi le CEO Satya Nadella parle-t-il tout simplement de « bureau sur roues » ou de « salon sur roues », en évoquant le cas de Volvo, qui va intégrer Cortana dans certains véhicules.
Sous le capot, l’industrie des semi-conducteurs aura un rôle déterminant. Nvidia s’est positionné avec la deuxième génération de sa plate-forme embarquée Drive PX, qui s’appuie sur des technologies d’intelligence artificielle pour appréhender l’environnement dans lequel évolue le véhicule.
La capacité de traitement est annoncé à 24 milliards de milliards d’opérations par seconde, pour une puissance de calcul équivalente à celle de 150 MacBook Pro.
Qualcomm n’est pas en reste avec ses puces Snapdragon 820, dédiées à l’automobile et livrées avec ou sans solution de connectivité LTE. L’Américain, qui a aussi développé la technologie cognitive Zeroth pour l’assistance au pilotage, prône la notion de « Vehicle-to-Everything » : la voiture « intelligente » devra être capable de communiquer aussi bien avec les infrastructures routières qu’avec les autres usagers.
De là à la voiture autonome, il n’y a qu’un pas. D’autant plus que le phénomène se matérialise dans d’autres secteurs comme les drones, avec cette start-up sino-américaine qui a présenté un quadricoptère totalement automatisé dédié au transport de personnes.
Mais la transition ne se fera pas d’un jour à l’autre, ainsi que le souligne Network World. Outre les questions morales que soulèvera ce nouveau paradigme, c’est toute une industrie qui devra revoir son modèle de fonctionnement en privilégiant le partage des données, au bénéfice des entreprises comme des infrastructures publiques.
La note « mystérieuse » de ce CES 2016 aura été la société Faraday Future, très discrète depuis sa création à la mi-2014. Depuis quelques semaines, elle était devenue plus loquace, au gré de teasers.
Des documents officiels communiqués aux autorités du Nevada avaient par ailleurs fait la lumière sur son ambition de bâtir une usine de production automobile à 1 milliard de dollars.
La start-up, qui compte parmi ses fondateurs le milliardaire chinois Jia Yueting, a abattu ses cartes en début de semaine, quelques heures avant l’ouverture du CES. Elle a dévoilé son premier concept car, 100 % électrique : le FFZERO1, qui dépasse les 300 km/h en vitesse de pointe et passe de 0 à 100 km/h en « moins de 2 secondes ».
L’objectif est clair : « révolutionner la mobilité comme Apple l’a fait avec le smartphone ». Un bémol toutefois : il ne s’agit même pas d’un prototype ; simplement d’un « design conceptuel » censé illustrer le potentiel des technologies de Faraday Future.
Pointée du doigt, la jeune pousse a assuré tester actuellement plusieurs exemplaires de la FFZERO1, dissimulés sous des châssis faisant penser à des marques concurrentes.
L’un des grands intérêts du concept est qu’il se base sur un système modulaire : la VPA (« Variable Platform Architecture »). Que ce soient les batteries ou les moteurs logés dans chacune des quatre roues, les principales pièces sont interchangeables.
Ce qui permet, selon Faraday Future, de se concentrer sur l’habitacle, sa sécurité et son confort.
Crédits photos : Volkswagen, Ford, Nvidia, EHang, Faraday Future & trekandshoot, et CES 2016
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