Voiture connectée : trafic dense au carrefour CES 2017
Des alliances se nouent entre constructeurs automobiles et sociétés high-tech à l’occasion du CES. Les habitués de l’événement côtoient de nouveaux entrants.
Ambiance salon de l’automobile au CES.
La conduite autonome est l’une des grandes tendances de l’édition 2017. Elle a d’ailleurs son espace dédié, où on parle assistance au stationnement, freinage d’urgence ou encore dispositifs anticollisions.
Les liens tissés entre constructeurs automobiles et sociétés high-tech s’illustrent sur d’autres plans. Notamment les systèmes d’infodivertissement.
En la matière, on aura noté la création du consortium SmartDeviceLink.
Ford et Toyota sont à l’origine de cette organisation à but non lucratif qu’ont rejointe Mazda, PSA, Fuji Heavy Industries et Suzuki, aux côtés des équipementiers Elektrobit, Luxoft et Xevo – Harman, Panasonic, Pioneer et QNX ayant pour leur part signé des « lettres d’intention ».
Objectif de ce groupement : concevoir une plate-forme logicielle open source commune aux constructeurs et aux fournisseurs, puis l’implanter dans un maximum de véhicules afin de simplifier le travail des développeurs d’applications ; et, pour les utilisateurs finaux, de renforcer l’interopérabilité avec leurs smartphones.
Cette plate-forme s’appuiera sur AppLink, développée par Ford, qui a choisi d’ouvrir le code en 2013.
Le groupe automobile américain avait d’autres annonces dans les cartons pour le CES. Il a notamment confirmé injecter 700 millions de dollars dans son usine de Flat Rock (Michigan) pour travailler sur les véhicules électriques et autonomes. En tête de liste, un SUV 100 % électrique qui devrait voir le jour à l’horizon 2020.
À la même échéance, il est question de versions hybrides du pick-up F-150 et de la Mustang pour le marché américain. La même démarche serait appliquée dès 2019 en Europe pour le fourgon Transit Custom.
Mercedes-Benz doit également présenter un fourgon à motorisation électrique, avec le Vision Van, orienté logistique du dernier kilomètre.
Le constructeur allemand compte aussi aborder les problématiques de jonction entre la voiture et le foyer numérique.
Hyundai s’est précisément positionné sur la thématique, non seulement en développant une plate-forme avec Cisco, mais aussi en intégrant, dans son logiciel Blue Link qui permet de contrôler certaines fonctions du véhicule à distance, la prise en charge des commandes vocales via Google Home. On peut donc imaginer précharger un itinéraire dans le système de navigation depuis son salon.
L’autre passerelle avec Google Home est à mettre à l’actif de Fiat Chrysler dans le cadre de son concept car Portal, une familiale électrique à conduite autonome dont les caméras intégrées peuvent reconnaître les personnes à bord et personnaliser l’habitacle en conséquence.
Un autre concept car était attendu : celui de Faraday Future.
La start-up, qui compte parmi ses fondateurs le milliardaire chinois Jia Yueting (propriétaire de LeEco, le « Netflix chinois »), avait été l’une des curiosités du CES 2016.
Elle y avait révélé un « design conceptuel », à travers le FFZERO1, modèle 100 % électrique basé sur un système modulaire permettant d’interchanger les principales pièces de la voiture, de la batterie aux moteurs logés dans chacune des quatre roues.
Faraday Future annonçait alors une vitesse de pointe de plus de 300 km/h et « moins de 2 secondes » pour passer de 0 à 100. On en est finalement à 2,39 secondes avec la version « de production » présentée au CES 2017, sous le nom FF91. Puissance communiquée : 1 050 chevaux, avec ouverture des portes par smartphone et une batterie de capteurs parmi lesquels 13 radars.
Selon la presse sur place, un stock initial de 300 exemplaires sera livré à partir de 2018 pour ceux qui avanceront 5 000 dollars, somme que la start-up promet de reverser pour partie à des organisations de défense de l’environnement…
Combine suspecte ? Faraday Future a pris l’habitude de rester discret sur ses activités comme sur l’état de ses finances. Les témoignages que The Verge a recueillis auprès d’anciens employés ne plaident globalement pas pour la jeune pousse, entre dettes, impayés, plainte des fournisseurs, mauvaise gestion financière et départ de cadres à l’image du directeur commercial.
La feuille de route est plus concrète chez BlackBerry.
Dans la dernière ligne droite vers le CES, la firme canadienne a abordé différents points de sa stratégie par le biais de publications hebdomadaires.
Soulignant le décalage entre les cycles d’innovation propres au secteur automobile (3 ans en moyenne) et le monde des smartphones (parfois moins de 12 mois), elle a insisté sur la nécessité d’une standardisation des architectures, dans une logique de sécurisation des véhicules. Et de se rappeler à ses premiers travaux en 2010 avec Alcatel-Lucent sur une Toyota Prius équipée d’une connexion 4G.
Les dernières semaines avant le CES auront aussi été l’occasion d’annoncer deux partenariats, respectivement avec l’éditeur coréen Obigo autour de son moteur HTML5 basé sur celui du navigateur Google Chrome et avec Modagrafics sur la gestion temps réel de flottes de véhicules via la technologie BlackBerry Radar.
Orange – Ericsson – PSA : « Towards 5G » |
Les trois groupes vont enclencher une phase d’expérimentation technique de la 5G dans les automobiles connectées. Les tests se feront en conditions réelles, sur une piste équipée d’un réseau mobile. Ils porteront tout particulièrement sur les communications entre véhicules, avec deux cas d’usage : le signalement de l’approche des secours et l’avertissement en cas de présence d’un objet sur la route. |