Tandis que Le Figaro en comptait environ 200 au lever du soleil, L’Express en dénombrait 300 en milieu de matinée et l’AFP en recensait 400 à 500 en début d’après-midi : l’afflux des chauffeurs VTC ce jeudi porte Maillot a été progressif, mais la mobilisation n’a pas atteint l’ampleur que prédisaient les organisateurs.
CAPA VTC, Actif-VTC et le SCP VTC (rattaché à l’UNSA) avaient en l’occurrence annoncé jusqu’à 3 000 manifestants en provenance de toute la France pour dénoncer les conditions de travail imposées par les plates-formes, en tête desquelles Uber.
Les charges se sont multipliées contre l’entreprise venue des États-Unis, assimilée par Actif-VTC à un « esclavagiste moderne » qui a « saigné les chauffeurs » et « programmé la mort du métier ».
Même son de cloche chez le SCP VTC, qui dénonce un « chantage au chômage » et la « servitude du numérique ». Son secrétaire général Sayah Baaroun résume : « On avait un métier en or. Ils l’ont transformé en un job archi-précaire ».
Du côté de la Fédération générale des transports et de l’environnement affiliée à la CFDT, on a préféré appeler les chauffeurs à se déconnecter des applications, plutôt que de descendre dans la rue.
L’association VTC de France a quant à elle pris ses distances en dernière minute pour attendre l’adoption de la loi destinée à réguler le secteur du transport de particuliers.
À l’origine du texte et par ailleurs nommé en début d’année médiateur du « conflit taxis-VTC », le député PS de Côte-d’Or Laurent Grandguillaume s’est rendu porte Maillot. Il y a rappelé que « la paupérisation des chauffeurs est une réalité », ajoutant, sur son compte Twitter : « Uber a défié l’État, aujourd’hui les chauffeurs mettent Uber au défi de les respecter ».
Également présente sur place, Danielle Simonnet (conseillère de Paris ; Front de gauche) a défendu la cause de chauffeurs qui travaillent « plus de 70 heures par semaine pour à peine toucher le SMIC ».
Des propos confirmés par Jean-Luc Albert. Le président d’actif VTC affirme qu’une fois les frais déduits, il reste aux chauffeurs Uber 3,75 euros de l’heure.
La préfecture de police a conseillé aux automobilistes de contourner la zone. Des perturbations ont aussi été recensées aux abords des aéroports, notamment à Roissy, où plusieurs dizaines de VTC ont mis en place un barrage filtrant, avant d’amorcer une opération escargot sur l’A1.
Épicentre de la manifestation, le palais des Congrès aura été le théâtre de tirs de grenades lacrymogènes et d’appels à « enfariner » les chauffeurs ne participant pas à la grève.
Le « grand colloque à ciel ouvert » promis par les organisateurs a donné lieu à des débats touchant, entre autres, aux déconnexions arbitraires.
Sur ce point, BFMTV a recueilli le témoignage d’un chauffeur qui assure que « si tu as un problème avec un client, aujourd’hui ou demain, ils [Uber] te bloquent ton compte, t’es mort, t’es au chômage, tu ne peux même pas te justifier ». Deux cortèges devaient partir en début d’après-midi, direction les sièges sociaux d’Uber France et LeCab. Un barrage de police en a décidé autrement.
Et Uber dans tout ça ? La société est catégorique : les chauffeurs dénoncent l’augmentation de sa commission (passée de 20 % à 25 % le 8 décembre), mais oublient qu’elle s’est assortie d’une hausse des prix d’environ 12 %, résultant en une croissance « d’environ 5 % » des revenus des partenaires.
CAPA VTC et le SCP VTC ne sont pas épargnés, en « groupes de chauffeurs qui s’opposent de longue date à l’existence même des plateformes de VTC » et dont les leaders, qui « n’utilisent pas l’application Uber dans le cadre de leur métier », sont pour certains « connus des services de police pour des appels et faits de violence ».
Réaffirmant mener depuis plusieurs mois des négociations avec les chauffeurs à titre individuel et par l’intermédiaire des associations représentatives, Uber se réjouit des « chantiers communs » ouverts à la suite d’une réunion tenue cette semaine avec la CDFT.
Les thématiques abordées englobent la protection sociale des travailleurs du secteur, les solutions de parking ou de repos des VTC aux aéroports, l’assouplissement de la réglementation sur les caractéristiques techniques requises des véhicules ou encore la révision de l’obligation de retour au garage.
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