VTC : les enjeux de croissance d’un marché très parisien
Le Boston Consulting Group constate le potentiel de croissance de la filière VTC en France, mais aussi les problématiques y afférentes.
Que ce soit en matière de création d’emplois ou de recettes fiscales, la filière VTC affiche un fort potentiel de croissance en France, mais son développement soulève des problématiques dont les acteurs du secteur devront nécessairement traiter avec le législateur.
Le Boston Consulting Group établit ce constat dans une étude – menée pour le compte d’Uber – qui mêle des statistiques de l’Insee, des données de la préfecture de police de Paris, les résultats d’une enquête auprès de chauffeurs, des informations fournies par le Bureau du recensement américain ou encore des conclusions du rapport Thévenoud.
Les sources recueillies à l’international permettent au cabinet de conseil en stratégie de remettre en contexte l’essor d’un marché qui reste, à l’heure actuelle, sans commune mesure avec les écosystèmes qui se sont développés dans des villes comme Londres et New York.
La région parisienne constitue un bon élément de comparaison, étant donné qu’elle concentre, en l’état, 90 % du chiffre d’affaires HT de la filière VTC (annoncé à 800 millions d’euros sur l’année 2016).
Taxis et VTC confondus, le Boston Consulting Group y recense 5,6 chauffeurs pour 1 000 habitants. Un indicateur qui pourrait passer, dans le meilleur des scénarios envisagés, à 12,7 ‰, soit le niveau relevé en 2015 à Londres… et en 2013 à New York.
États de fait et État de droit
L’évolution de ce taux de pénétration dépendra, entre autres, de la rapidité d’accès des chauffeurs à la profession. Le cabinet de conseil perçoit au moins trois enjeux y afférents : la question de la protection des indépendants, le remboursement des licences pour les taxis et la refonte des statuts des chauffeurs*.
Ce dernier point, objet de l’article 4 de la proposition de loi Grandguillaume adoptée successivement en première lecture par les députés et les sénateurs, cristallise les tensions chez les associations représentatives des chauffeurs professionnels, qui, pour le reste, soutiennent globalement l’esprit du texte, au contraire des plates-formes.
Celles-ci perçoivent en moyennent 20 % du prix total d’une course, selon les estimations du Boston Consulting Group. 22 % reviennent aux chauffeurs ; 25 %, à « l’écosystème direct », au premier rang duquel figurent les vendeurs et loueurs de voitures, les assureurs, les cabinets d’expertise-comptable et les centres de formation et d’examen agréés.
Fiscalité : tous en règle ?
En tenant compte de ces acteurs, la filière VTC pourrait générer, à l’horizon 2022, jusqu’à 1,7 milliard d’euros de recettes fiscales, sur un chiffre d’affaires à 3,9 milliards dans le haut de la fourchette envisagée.
Fourchette également sur le nombre d’emplois de chauffeurs professionnels potentiellement créés d’ici à cette échéance : 40 000 au moins ; 80 000 au plus.
Le marché resterait concentré essentiellement en Île-de-France, où il a représenté, au premier semestre 2016, 6 % de la croissance du PIB et 25 % des créations nettes d’emplois « marchands non agricoles », avec une croissance plus marquée dans les banlieues.
* Sur les 22 000 personnes qui exerçaient, au mois de juin, l’activité de chauffeur privé en région parisienne et dans les grandes agglomérations françaises, environ 65 % seraient des employés d’entreprises capacitaires (LOTI), le reste détenant une licence VTC.
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