Le problème Uber n’est pas réglé malgré les appels à « l’apaisement » de sa part et des pouvoirs publics. Alors qu’une procédure de médiation s’est ouverte sous la houlette du gouvernement, les chauffeurs VTC ne lâchent rien.
Ils exigent que la société d’origine américain qui exploite l’app de mises en relation entre conducteurs et passagers abandonnent son nouveau barème jugé inacceptable : 6 euros minimum la course (contre 8 euros auparavant) et 25% de commission (contre 20% précédemment).
Vendredi à l’aube, une partie des chauffeurs VTC a repris la grève et monté des barrages partiels filtrants près des aéroports d’Orly et Roissy. Selon l’AFP, plusieurs dizaines de voitures étaient rassemblées ce matin dans le calme aux abords de Roissy, encadrés par les forces de l’ordre. Des perturbations qui auraient entraîné une vague de verbalisations pour « entrave volontaire à la circulation ».
« Nous appelons tous les VTC à cesser le travail le matin et à le reprendre l’après-midi, en boycottant Uber », a lancé Sayah Baaroun, Secrétaire général du syndicat UNSA pour les VTC.
De son côté, Uber refuse de modifier le barème réactualisé et souligne les efforts qu’il consent : création d’un fonds de soutien de 2 millions d’euros « afin d’aider les chauffeurs en difficulté » et ouverture au dialogue.
Ainsi, dans la journée du 22 décembre, la société a rencontré Jacques Rapoport, médiateur nommé par le gouvernement qui a pour mission de rapprocher les positions d’ici la fin du mois de janvier.
« Le dialogue est engagé et va se poursuivre tout au long du mois de janvier », estime Uber dans sa communication.
Pour en savoir plus sur la vision et les projets d’Uber, l’interview de Thibaud Simphal, Directeur général Uber pour l’Europe de l’Ouest, diffusée par Alternatives Economiques, est intéressante.
Il revient sur les causes du clash avec sa communauté de « chauffeurs partenaires » : « Nous avions baissé nos tarifs de 20 % en 2015. Nous estimions qu’il y avait encore de la marge pour augmenter le nombre d’usagers par heure, et que cette baisse des tarifs pouvait se faire sans perte de chiffre d’affaires pour les chauffeurs. Mais c’était juste avant les attentats et la croissance du secteur n’a pas été aussi forte que prévue. »
Tout en poursuivant : « Par ailleurs, nos besoins en investissements dans le marketing et la recherche et développement (R&D) ont crû pour faire face à la concurrence. Cette hausse doit aussi nous aider à devenir rentables d’ici un à deux ans au niveau du groupe, qui a annoncé une perte de 2 milliards d’euros l’an dernier. Certains de nos investisseurs commencent en effet à nous demander des comptes. » Il est vrai que les pertes d’Uber se creusent dans le monde.
Sur le volet de la protection sociale des chauffeurs, le patron d’Uber pour la zone Europe de l’Ouest déclare : « Nous y travaillons depuis deux ans. Nous sommes ouverts aux discussions pourvu qu’elles concernent l’ensemble du secteur. Et que nous obtenions la certitude que les contrats de partenariat qui nous lient aux chauffeurs ne seront pas requalifiés en contrats de travail. Dans ces conditions, nous sommes prêts à aller jusqu’à la mise en place d’une structure paritaire qui réunirait plates-formes, chauffeurs, mutuelles, loueurs de voiture et syndicats. Nous avons commencé à discuter avec la CFDT à ce sujet. »
De son côté, Laurent Grandguillaume, Député PS de Côte d’Or, demeure perplexe et dénonce sur Twitter « une posture ridicule » d’Uber.
Sa proposition de loi relative à la régulation, à la responsabilisation et à la simplification dans le secteur du transport public particulier de personnes a été adoptée dans le courant de la semaine par l’Assemblée nationale et le Sénat.
Il introduit des obligations précises pour les plateformes de réservation comme la vérification des permis de conduire ou des attestations d’assurance.
Le texte, remodelé en commission mixte paritaire, prévoit également la mise en place d’un tronc commun d’examen dans les chambres des métiers pour les taxis et les VTC, une meilleure protection des données personnelles dans le cadre de la transmission des données des plateformes de réservation à l’autorité administrative et un renforcement de l’obligation d’accepter le paiement par carte bancaire dans le véhicule.
(Crédit photo archive : Uber – compte Instagram)
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