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Le Wi-Fi embarqué : la SNCF transforme les passagers en « TGV-nautes »

(Dernier Update 14/12/16 à 01:30) Axelle Lemaire en rêvait…La SNCF l’a fait. La compagnie ferroviaire introduit l’Internet haut débit sans fil à bord des TGV. Une petite pensée pour la secrétaire d’Etat au Numérique et à l’Innovation qui avait soufflé cette idée par Twitter en octobre 2014.

Le cheminement du concept à la concrétisation d’un tel service a été long. La SNCF justifie ce délai en raison des choix technologiques qui ont été déterminants pour supporter le Wi-Fi dans un TGV lancé à 300 kilomètres à l’heure.

Il a fallu trouver une combinaison technologique alternative après son essai peu convaincant en 2010 sur la ligne TGV Est fondé sur une transmission par satellite.

Désormais, on s’appuie désormais principalement sur les réseaux 4G mobiles captés par des drôles d’antennes plates et rondes déployées au-dessus de certaines rames.

Focus sur les antennes de réception 4G/3G au-dessus des rames : la série de « boutons noires »
Zoom sur deux antennes de réception 4G/3G

En parallèle, un déploiement spécifique pour renforcer les relais 4G/3G le long de la ligne TGV concernée a été organisé (103 pylônes au total rien que sur la liaison paris-Lyon).

Pour cela, des conventions avec l’ARCEP et les opérateurs de téléphonie mobile ont été signées pour assurer la couverture des lignes ferroviaires.

Après réception du signal 4G/3G via les antennes sur les rames, la réception Internet se propage à l’intérieur par agrégation et distribution en fibre optique déployée tout au long des rames. Puis des routeurs et bornes Wi-Fi embarqués font le reste pour apporter la connexion sans fil jusqu’au siège du passager.

Sans ces relais technologiques embarqués, point de salut. « Les ondes 3G et 4G ne passent pas : on change trop vite de cellules à cette vitesse », évoque Pierre Matuchet, Directeur Marketing Voyages SNCF.

L’inauguration officielle, c’est aujourd’hui mais on y était avant

Mardi matin (13 décembre), il était prévu que Guillaume Pépy et Stéphane Richard, respectivement Président de la SNCF et P-DG du groupe Orange, inaugurent ce nouveau service de connectivité en TGV (100 millions de voyages par an).

[Update] : Mais, finalement, c’est Pierre Louette, Directeur général délégué d’Orange, qui a pris le relais.

Mais, dans la matinée du 10 novembre, un pool de journalistes et de blogueurs, dont ITespresso.fr faisait partie, a pu tester TGV Connect en avant-première lors d’un trajet aller-retour express entre Paris Gare de Lyon et Lyon Part-Dieu, sur invitation de la SNCF.

Le vrai démarrage grand public surviendra en début d’année prochaine. Vous l’avez compris : le service Internet sans fil à bord est accessible pour tous les passagers sur la ligne Paris-Lyon (19 rames) dès le 15 décembre 2016 (et non à partir du 15 janvier 2017 comme indiqué auparavant dans l’article).

Ensuite, les lignes Paris-Bordeaux, Paris-Marseille et Paris-Rennes suivront dans le courant du premier semestre 2017.

« Le Wi-Fi à bord était un service attendu par 80% de nos clients. Il entre dans la vision digitale du service de la SNCF : connectivité, mobilité et expérience du voyage », évoque Pierre Matuchet, lors du trajet pour accompagner la presse.

C’est aussi une manière d’apporter un service supplémentaire dans la concurrence multi-modal de transport : dessertes régionales en avion, « cars Macron »…

Surprise : l’offre d’accès Internet sans fil est gratuite pour tous. Et sans limite d’appareils connectés (smartphones,  tablettes, ordinateurs portables…). La bande passante par rame est mutualisée avec tous les voyageurs connectés.

Un système de fair use (« accès raisonnable par voyageur », système similaire à la consommation data mis en place dans les forfaits des opérateurs) a été mis en place. Si vous dépassez le seuil, le débit d’accès est restreint.

Le portail TGV Connect à partir d’une consultation sur un iPad

Pour se connecter, il suffira au voyageur de se connecter en Wi-Fi avec le terminal numérique de son choix et de s’identifier à partir de son numéro de billet.

Un portail d’informations utiles a été mis en place avec une salve de petits services ou applis comme la possibilité de suivre en direct le parcours du TGV sur le territoire. On y retrouve notamment la possibilité de commander au bar en vue d’un service à sa place dans le train (c’était déjà possible en passant par la 3G – 4G de son smartphone mais la qualité de la connexion est plus aléatoire).

L’offre de services via le portail s’étoffera progressivement en fonction des usages observés, précise Pierre Matuchet. Le niveau de « fair use » pourrait être éventuellement modulé en fonction de la clientèle, en donnant éventuellement un bonus à la clientèle  voyages d’affaires.

Le service est censé supporter entre 500 et 1000 personnes connectées en simultané.Mais la bande passante est une ressource limitée donc précieuse. Il faudra éviter que tout le monde se connecte à une plateforme de streaming vidéo en même temps.

D’ailleurs,  l’espace FAQ du portail d’accès TGV Connect stipule l’accès à certains sites streaming sera impossible. Sinon, les « TGVnautes » devraient observer une déperdition rapide en termes de qualité d’accès.

Cette rubrique précise également que des « défaillances » de connectivité peuvent survenir pour des raisons diverses comme une « couverture faible des réseaux extérieurs » (lors de la traversée d’un tunnel par exemple).

Il est également possible d’accéder à un réseau privé (VPN) sans toutefois « garantir la qualité de la connexion » en permanence.

Un investissement conséquent pour un service gratuit

Ce service gratuit d’accès wireless embarqué dans les TGV représente un coût d’équipement pour la SNCF évalué à 350 000 euros par rame. Sachant que la SNCF exploite 320 rames de TGV.

Le coût global de déploiement est évalué à 112 millions d’euros au bas mot pour généraliser ce service sur l’ensemble du réseau train à grande vitesse.

Néanmoins, cet effort d’investissement n’aura pas de répercussion sur le prix du billet TGV, assure la compagnie ferroviaire.

« La SNCF a co-financé et on paie les opérateurs télécoms pour qu’ils nous fournissent la bande passante [surtout Orange, ndlr] », précise Pierre Matuchet.

Après un appel d’offres, trois principaux prestataires interviennent sur ce projet : Orange et sa division pro (Orange Business Services) assurent essentiellement la partie connectivité tandis qu’INEO (filiale d’Engie) et la société belge 21Net prennent en charge l’intégration réseaux électriques et télécoms en mode embarqué dans les trains.

Espace de co-working à 300 kilomètres/heure

ITespresso.fr a testé le service TGV Connect le long de ce trajet de presse avec plusieurs terminaux : un PC portable Lenovo, un smartphone et un netbook « vintage » Samsung et un iPad.

En règle générale, nous n’avons jamais rencontré de soucis d’accès au service de connexion et au portail quel que soit le terminal (sauf avec le netbook old school : la puce Wi-Fi n’arrivait pas à stabiliser la connexion).

Nous avions fait le pari de réaliser une partie de l’édition d’ITespresso.fr avec un PC portable connecté à 300 kilomètres à l’heure dans le TGV.

L’expérience était satisfaisante avec un accès à l’outil de gestion de contenu (CMS) confortable, la possibilité de dialoguer aisément avec ses collègues à la rédaction de Paris (Merci Jacques C.) par messagerie instantanée et, soyons dingues dans les tests ultimes, la tentative d’uploader un fichier vidéo de 40 Mégaoctets sur notre plateforme Web TV. Un test réussi en moins d’une minute.

Nous aurions dû compléter le test avec une session vidéo live par Skype pour observer la fiabilité du service mais nous n’avons pas eu le temps de réaliser ce type de liaison.

Précisons également que les conditions de tests à bord du TGV étaient idéales puisque la délégation ne contenait qu’une vingtaine de personnes (journalistes, blogueurs, représentants des équipes SNCF et des prestataires IT concernés) à partager la bande passante.

Un confort d’accès que l’on ne retrouvera probablement pas systématiquement en fonction de l’affluence dans les TGV.

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