WikiLeaks : Chelsea Manning libérée sur décision de Barack Obama
Barack Obama a commué le peine de prison de Chelsea Manning dans l’affaire des fuites d’informations militaires et diplomatiques via WikiLeaks remontant à 2010.
Chelsea Manning bientôt libérée. C’est l’une des dernières décisions fortes de la présidence Obama et un véritable rebondissement dans l’affaire WikiLeaks.
Avant de quitter ses fonctions, Barack Obama a décidé de commuer la peine de prison de Chelsea Manning, condamnée pour avoir fait fuité en 2010 des informations militaires et diplomatiques portant atteinte aux intérêts des Etats-Unis.
Un geste de clémence qui survient à la fin de son mandat à la Maison Blanche. Dans la foulée, 270 décisions de peines commuées ou de grâces présidentielles ont été prises dans d’autres affaires judiciaires.
Après sa condamnation en 2013 par un tribunal militaire américain à 35 ans de prison sur la foi de l’Espionage Act, Chelsea Manning, ex-analyste rattachée à une agence de renseignement militaire, ne devait sortir de prison en théorie qu’en 2045.
Finalement, Chelsea Manning sera libre le 17 mai prochain. Agée de 35 ans, elle a passé presque sept ans derrière les barreaux.
En 2010, une partie substantielle de cette masse de documentation sensible, collectée par Chelsea Manning dans le cadre de ses activités de renseignement militaire en Iraq, avait été ensuite diffusée par WikiLeaks.
La plateforme d’alerte de Julian Assange a vocation à publier des informations non autorisées par les autorités ou les entreprises. Une initiative appuyée à l’époque par un réseau de médias comme The New York Times aux Etats-Unis ou du Monde en France.
Elle a servi de caisse de résonance pour les centaines de milliers de documents en provenance de l’armée américaine et du gouvernement : 25 000 câbles de la diplomatie américaine en provenance du monde entier, des informations sur le sort des prisonniers de Guantanamo, des centaines de milliers de mémos portant sur des incidents survenus au cours des guerres menées en Irak et en Afghanistan…
Certains documents-chocs ont fait beaucoup de bruit comme cette vidéo de l’attaque d’un hélicoptère américain à Bagdad qui a abouti à la mort de deux journalistes de Reuters.
Chelsea Manning avait tout balancé pour susciter « des discussions, des débats et des réformes dans le monde ». Mais elle avait présenté ses excuses devant le tribunal militaire au regard des risques qui pesaient sur la vie de personnes exposées après la divulgation d’informations sensibles via WikiLeaks.
Parallèlement, sa vie personnelle est troublée : l’analyste militaire Bradley Manning au moment des faits incriminés qui remontent à 2009 devient transgenre juste après sa condamnation en 2013 et adopte la nouvelle identité de Chelsea Manning.
En 2016, elle avait essayé de se suicider à deux reprises dans la prison militaire de Fort Leavenworth (Etat du Kansas).
Des campagnes de soutien avaient été lancées comme Free Chelsea Manning.
Des ricochets pour Assange et Snowden ?
La prochaine libération de Chelsea Manning aura-t-elle des répercussions sur le cas des deux autres plus célèbres lanceurs d’alertes ?
La semaine dernière, Wikileaks assurait que son fondateur Julian Assange serait prêt à être extradé vers les Etats-Unis si Barack Obama faisait preuve de clémence envers Chelsea Manning.
Mais la situation de l’intéressé est compliquée également. Depuis juin 2012, Julian Assange est réfugié à l’ambassade d’Equateur à Londres.
Il veut éviter une extradition vers la Suède. Pays dans lequel il est accusé de viol. Julian Assange craint que cette affaire ne soit qu’un subterfuge en vue d’une extradition ultérieure vers les Etats-Unis.
Et Edward Snowden dans tout cela ? Malgré une campagne appelant au retour de l’ex-consultant informaticien de la NSA aux Etats-Unis sans crainte d’un procès (un million de signatures obtenues à travers la pétition en ligne Pardon Edward Snowden), le dossier est tout aussi délicat.
Actuellement réfugié en Russie (et également soutenu par WikiLeaks), Edward Snowden a multiplié depuis 2013 les révélations concernant les coulisses du cyber-espionnage massif mené par les services de renseignement américains et britanniques.
Selon le New York Times, Josh Earnest, porte-parole de la Maison Blanche, refuse d’évoquer un moindre geste de clémence vis-à-vis de l’ex-analyste qui était entré eu cœur de la vaste machine américaine des écoutes électroniques.
« M. Snowden s’est réfugié dans les bras d’un pays adversaire qui a récemment fourni un effort concerté pour miner la confiance dans notre démocratie. »
Une allusion à l’ingérence russe dans le processus électoral pour élire le nouveau président des Etats-Unis (Donald Trump en l’occurrence) par le biais de cyber-attaques et de tentatives de désinformation.
(Crédit photo : http://pardon.privatemanning.org/)