L’histoire de 23 abonnés privés de station Wimax dans le Nord – faute de rentabilité – est une grande première en France. Et elle fait du bruit. Surtout dans un contexte de retards de déploiement et de rappels à l’ordre de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) visant les opérateurs détenteurs de licences Wimax.
Tout commence en 2007 lorsque HDRR (consortium qui regroupait TDF, LDCollectivités et Axione) et Artoiscomm (communauté d’agglomération de l’Artois) s’entendent pour mettre en place une station Wimax sur un pylône TDF de la commune de Divion, près de Béthune (Pas-de-Calais).
En l’échange de l’investissement de HDRR sur ses fonds propres, Artoiscomm s’était engagé à subventionner l’installation du Wimax chez les particuliers, les travailleurs indépendants et les télé-travailleurs qui n’étaient pas éligibles à l’ADSL dans les 58 communes de la communauté urbaine.
Intervient alors NordNet, fournisseur d’accès bien connu dans le Nord (filiale de France Telecom). Le prestataire régional avait décidé de créer une offre Wimax en se basant sur l’infrastructure HDRR. Dans les faits, NordNet achetait des accès en gros HDRR pour les revendre au client final. Ces derniers bénéficiaient au passage d’une prise en charge des frais d’installation par Artoiscomm à hauteur d’environ 500 euros.
Entre-temps, HDRR avait cédé 8 de ses 11 licences à Bolloré Telecom, et par la même occasion, ses infrastructures. Si tout fonctionnait bien pour les abonnés de l’Artois, un événement inattendu est intervenu le 30 mai dernier.
« Les abonnés dont je fais partie, ont reçu un courrier de NordNet qui nous annonce l’arrêt définitif du Wimax au 30 juin suite au retrait de Bolloré Telecom et l’on nous propose une solution de remplacement basée sur le satellite » déclare Pierre-étienne Pernet, fondateur du collectif Sauvez le Wimax en Artois.
NordNet est embarrassé
Même si NordNet a lancé début janvier une nouvelle offre d’accès Internet par satellite, l’opérateur régional considère cette situation comme une urgence, à laquelle il faut remédier avant fin juin. « Il y a quelques semaines, on apprenait que l’opérateur d’interconnexion avait décidé de mettre fin à l’exploitation de la station sur laquelle nos clients étaient installés. Ce qui nous a obligé à trouver une alternative au plus vite », résume Christophe Outier, Directeur commercial chez NordNet.
Celui-ci regrette la décision prise par Bolloré Telecom. « L’opérateur de gros ne va pas plus loin, faute de rentabilité, or chacun sait que dans les télécoms, il faut attendre plusieurs années avant d’espérer un retour sur investissement. »
Avant de préciser que « pour couvrir correctement un territoire en Wimax, il faut beaucoup de points hauts pour surmonter d’éventuels problèmes techniques (obstacles liés au relief, à la nature et aux configuration de bâtiments) et atteindre les foyers qui ne sont pas éligibles à l’ADSL. C’est un investissement lourd et difficile pour un seul acteur, et c’est peut-être l’une des raisons de l’échec de cette technologie. »
Si aucune action en justice n’a été enclénchée en l’état actuel entre les deux sociétés, l’opérateur nordiste se retrouve tout de même avec plusieurs centaines d’équipements Wimax en stock qui ne pourront pas être commercialisés.
« Heureusement qu’il n’y avait que 23 clients », tempère Christophe Outier. Avant de conclure, « Bolloré Telecom a décidé de nous accompagner pour prendre en charge les installations satellites que nous proposons aujourd’hui à la vingtaine de clients touchés par cet arrêt ».
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