Suite à la décision de Microsoft de ne pas fournir en standard de machine virtuelle Java dans sa prochaine version de Windows (voir édition du 18 juillet 2001), les réactions commencent à fuser. Et notamment, bien sûr, de la part de Sun, premier visé dans l’affaire. Pour l’éditeur, il s’agit ni plus ni moins que d’une attaque à peine voilée contre le langage Java, qui a pourtant comme ambition d’être le plus universel possible. Ainsi, dans un mémo interne cité par Internetnews.com, Sun explique que « le fait que Microsoft essaie d’exclure la machine virtuelle Java du coeur de Windows XP est décevant pour Sun MicroSystems et toute la communauté Java. Il s’agit clairement d’un mouvement intentionnel de la part de Microsoft pour léser les consommateurs et les millions de développeurs qui utilisent la plate-forme Java ». Le ton est donné.
« C’est caractéristique de Microsoft »
Sun n’est pas le seul à se plaindre de l’attitude de l’éditeur de Redmond. Pour Robin Cutshaw, développeur et président de la société Internet Labs, cité par ZDnet.com : « C’est caractéristique de Microsoft. S’ils ne peuvent pas faire comme ils veulent, ils ne font pas du tout. » Une phrase qui fait référence au fond du problème qui oppose Sun à Microsoft et qui s’est réglé, mal dirait-on, devant un tribunal. Dès 1997, Sun reprochait en effet à Microsoft d’avoir légèrement modifié le kit de développement Java (JDK) sous Windows pour que les applications qui en étaient issues fonctionnent mieux, voire uniquement, sous Windows. Au bout d’un procès fleuve (encore un !), Sun a obtenu gain de cause et 20 millions de dollars (voir édition du 24 janvier 2001). Microsoft obtenait en compensation le droit d’utiliser la version 1.1.4 du JDK pendant sept ans. Seulement, le JDK en est aujourd’hui à sa version 1.4, ce qui permet à Microsoft de justifier sa décision en indiquant ne pas vouloir continuer à utiliser une application dépassée. Pour Neal Goldman, analyste du Yankee Group, « c’est dans la droite ligne de la décision de justice. D’un côté, on peut se dire, pas de doute, Microsoft veut empêcher les gens d’utiliser Java sous Windows et c’est une sorte de tactique d’exclusion. Je ne pense pas que ce soit vrai. […] Si je devais choisir entre fournir une vieille version ou rien, je ne livrerais rien ».
Pour Sun, l’argument est spécieux. « Nous avons attaqué en justice parce que Microsoft avait développé une version incompatible de Java. […] Ils ont négocié avec nous pour pouvoir conserver la machine virtuelle dans leur système […] et maintenant ils n’en veulent plus », explique David Harrah, porte-parole de Sun.
Java en téléchargement
Reste que Microsoft n’a jamais déclaré vouloir rendre Windows XP totalement incompatible avec Java. Ceux qui le voudront pourront télécharger une JVM, qu’il s’agisse de celle de Microsoft ou de celle de Sun. Ce dernier ayant d’ailleurs déclaré continuer à développer pour la plate-forme de Microsoft. Un utilisateur réalisant une mise à jour de Windows 9x ou 2000 vers XP devrait même continuer à bénéficier de la JVM qu’il possédait déjà. Des faits contredits par un groupe de développeurs réunis sous la bannière Possie (People for open, safe and secure Internet and e-mail). « Des tests ont indiqué que l’Internet Explorer inclus dans la version RC1 de Windows XP [dernière bêta disponible, Ndlr] ne reconnaissait pas les machines virtuelles téléchargées depuis le site de Sun ou d’IBM », a notamment expliqué le groupe à Internetnews.com. Les mêmes développeurs indiquant également avoir été incapables de se servir de la JVM après une mise à jour. Des faits que nie totalement Microsoft. Les disputes risquent de durer jusqu’à la sortie de Windows XP, le 25 octobre prochain.
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