Xerox revoit sa copie

Ce qui caractérise Xerox, c’est autant son extraordinaire contribution à l’histoire informatique que l’incapacité récurrente de ses responsables à tirer profit de ses inventions. Le PARC, le mythique laboratoire de recherche de Xerox à Palo Alto, est à l’origine de l’interface graphique des micro-ordinateurs, mais aussi de l’impression laser, de la programmation par objets, ou encore de l’encre électronique.

Ce dernier cas est tout à fait emblématique du gouffre qui sépare les chercheurs des décideurs de l’entreprise. Dans les années 70, Nicholas Sheridon avait imaginé au PARC le Gyricon, un système emprisonnant des milliers de sphères bicolores dans une feuille de plastique. Suivant le courant électrique appliqué, les billes affichent leur hémisphère noir ou blanc et permettent de recréer des caractères et des images. En bref, il a inventé une encre effaçable à volonté. Le brevet est resté lettre morte jsqu’au début des années 90 quand Xerox l’a ressorti de ses cartons pour l’industrialiser avec 3M. Pendant ce temps, le MIT a mis au point sa propre méthode qui voit déjà ses premières applications dans les produits d’affichage de la firme E-Ink.

C’est sans doute pour éviter cela que Xerox a choisi de renouveler la tête de son département de recherches. Hervé Gallaire, diplômé de l’Université de Berkeley et chez Xerox depuis 17 ans, aura la lourde tâche de piloter les 1300 chercheurs et de faire fructifier les 1,2 milliards de dollars investis chaque année dans la recherche. Le français a annoncé que Xerox s’attacherait à mieux protéger sa propriété intellectuelle pour éviter que ses inventions ne profitent à d’autres. L’entreprise devrait mettre l’accent sur les technologies pour Internet et prépare une technologie qui permet de transformer les mini-caméras en numériseurs de documents. Xerox a annoncé il y a quelques jours des résultats en baisse de 40% sur les prévisions pour le 4ème trimestre de son exercice 1999.

La recherche au Parc