XML rapproche IBM et Microsoft
Microsoft et IBM mettent de côté leurs antagonismes pour travailler ensemble autour du standard XML. Et trouvent un terrain d’entente dans leur aspiration à dominer le marché des applications Internet. Provisoirement ?
Férocement opposés sur les marchés des systèmes d’exploitation, des bases de données et des applications bureautiques, les deux géants IBM et Microsoft deviendraient-ils les « glimmer twins » de l’informatique ? Fait inhabituel, ces nouveaux « frères ennemis » travaillent ensemble sur des standards Web basés sur XML pour simplifier l’échange des données entre chaque entreprise et entre les futures applications Web réunies au sein des entreprises, des e-marketplaces, etc.
Certes, Microsoft et IBM restent en concurrence dans la course à la création de services basés sur le Web. Microsoft a récemment annoncé sa stratégie .Net pour faire migrer sa ligne entière de produits vers la distribution en mode ASP (Application service providing) qui consiste à louer les applications en ligne plutôt qu’à vendre des licences et transfère la majeure partie de son activité sur le Web. De son côté, IBM espère réunir ses multiples systèmes hardware au travers de l’intégration logicielle qui rendra ses produits plus séduisants pour les entreprises qui montent leurs sites d’e-commerce et d’autres services basés sur le Web. Et repositionne entièrement sa marque Websphere en l’étoffant à coup de partenariat avec des acteurs spécialisés sur les applicatifs de l’ERP, de la CRM, etc.
Mais le XML (Extensible markup language) fait l’unanimité : c’est la seule technologie réconciliant le monde des EDI (Echanges de données informatisés) et de l’Internet. IBM comme Microsoft s’accordent pour dire qu’un standard Web commun développé en collaboration optimiserait les chances de réussite d’intégration de chaque outil dans les systèmes informatiques.
Bob Sutor, directeur du programme des technologies XML chez IBM commente : » Il est important pour nous de travailler avec Microsoft. C’est indubitablement un grand acteur de l’industrie, et plus nous développerons une entente technologique, plus vite l’industrie en bénificiera. » De leurs côtés, les analystes voient en cette alliance un mariage forcé, mais pensent aussi que si IBM et Microsoft tombent d’accord sur une technologie, les autres éditeurs suivront. Ainsi le Giga Group note l’ironie de cette nouvelle collaboration en rappelant qu’IBM et Microsoft se sont livré une guerre implacable sur le marché des systèmes d’exploitation. Et continuent de batailler sur les marchés de l’e-commerce et des gestionnaires de bases de données.
Cette entente toute neuve entre Microsoft et IBM résulterait-elle des frictions entre Big Blue et Sun Microsystems, le créateur du langage de programmation Java ? Encore récemment, IBM demandait à ce partenaire technologique et compétiteur d’adopter des standards afin de partager la technologie Java. Mais en décembre dernier, Sun refusait de mettre Java aux normes de l’ISO (International Standards Organization). Cela, sans déclarer clairement ses intentions (voir édition du 17 avril 2000).
Pour le moment, Microsoft et IBM travaillent sur leurs propres spécifications XML. Et la technologie prédominante apparaît être celle de Microsoft : appelée SOAP, l’acronyme pour Simple Object Access Protocol (voir édition du 11 mai 2000). Basé sur XML, SOAP permet de relier les différents systèmes informatiques via Internet afin qu’ils puissent effectuer des transactions. Ce langage a été soumis au W3C (World Wide Web Consortium), le consortium mondial chargé de l’homologation des standards Internet.
De leurs côtés, Microsoft et IBM ont annoncé de nouvelles spécifications XML qui fonctionnerait avec SOAP. David Turner, directeur produit XML chez Microsoft explique que les services Web peuvent être créés avec la technologie actuelle mais que les nouvelles spécifications XML simplifieront le processus. Microsoft comme IBM restent vagues quant à leur collaboration, et préviennent qu’elle pourrait se dissoudre. David Turner déclare : « Nous avons commencé à discuter, mais il n’y a aucune garantie. Cela peut échouer pour différentes raisons. »