Y a-t-il vraiment un propriétaire de l’hyperlien?
En juin dernier, British Telecom revendiquait l’invention de l’hypertexte et réclamait des droits d’exploitation aux fournisseurs d’accès américains essentiellement. Aujourd’hui, devant le silence de ces derniers, l’opérateur décide d’attaquer Prodigy Communications, l’un des plus importants FAI d’outre-Atlantique.
Après la menace, British Telecom (BT) passe à l’attaque. Selon ZDNet.co.uk, l’opérateur anglais, qui réclame des royalties sur la notion d’hypertexte (voir édition du 21 juin 2000), attaque en justice le fournisseur d’accès Prodigy Communications qu’il accuse de « violation de brevet ». Cette plainte s’appuie sur un brevet déposé en 1976 en Angleterre et en 1989 aux Etats-Unis, qui revendique l’invention de l’hyperlien. Selon BT, c’est la redécouverte de ce brevet, il y a trois ans en faisant le ménage dans ses archives, qui explique la réaction tardive de l’opérateur. Rappelons également, à toutes fins utiles, que Douglas Engelbart, l’inventeur de la souris, avait fait une étonnante démonstration de son engin et d’un système de « chainage de vues » et de liens qui servent à « sauter de l’une à l’autre », dès 1968 (voir édition du 3 octobre 2000) ! Soit, il n’avait pas trouvé le mot « hypertexte »…
Un enjeu financier colossal
Ce retard n’explique pas tout. L’hyperlien tel que nous l’utilisons sur le Web a été inventé par Tim Berners-Lee au début des années 90 dans les laboratoires du CERN de Genève et rapidement exploité sur le réseau mondial. Le silence de BT et du prétendu inventeur Sargent Desmond a, jusqu’au mois de juin dernier, généralisé l’usage gratuit de cette technologie. En réagissant une décennie plus tard, ou presque, c’est sa bonne foi qui est remise en cause. Mais l’enjeu financier en vaut la chandelle. En s’attaquant à Prodigy Communications, BT sait qu’en cas de victoire, il pourra réclamer des droits d’exploitation aux principaux FAI américains. Implanté dans 850 villes sur 50 états, Prodigy accède à 90 % de la population américaine. Avec un accès haut débit offert à 2,5 millions d’abonnés.
Quelle que soit l’issue de cette affaire, si BT cherchait à se mettre à dos les opérateurs Internet, il est en passe d’y parvenir.
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