Yahoo en vente : des signaux mitigés pour les repreneurs potentiels
La situation délicate de Yahoo s’illustre dans les documents que le groupe Internet a communiqués aux repreneurs potentiels de tout ou partie de ses activités.
« C’est comme une maison désaffectée dans la Silicon Valley. Vous entrez, vous vous rendez compte de ce que c’est devenu et vous mesurez l’ampleur des travaux qu’il y a à faire. Mais le voisinage est bon et il ne reste plus beaucoup de demeures comme celle-là, alors vous espérez pouvoir réparer ».
Cette description, c’est celle de Yahoo. Tout du moins pour un investisseur que Re/code présente comme un candidat potentiel au rachat du groupe Internet.
L’intéressé s’est confié au média spécialisé américain après que celui-ci eut publié des informations contenues dans le prospectus « confidentiel » diffusé en cercle restreint par les banques qui accompagnent Yahoo dans le processus de revente de son cœur de métier dans le Web.
La communication est bien ficelée dans ce document qui doit permettre aux parties intéressées par une acquisition de préparer leurs offres – qu’ils peuvent déposer jusqu’au 11 avril.
Pour autant, la vérité des chiffres transparaît : la situation financière de Yahoo est de plus en plus délicate.
Témoin les prévisions de résultats pour 2016 : le groupe s’attend à un recul de près de 15 % de son chiffre d’affaires (3,6 milliards de dollars, contre 4,1 milliards en 2015 et 4,4 milliards en 2014), tandis que le résultat net baisserait de 20 %, l’Ebitda passant quant à lui sous la barre du milliard de dollars.
Des points de crispation
Yahoo table sur un effectif réduit à 9 000 employés d’ici à la fin de l’année, soit 1 500 postes supprimés en un an – et 3 500 en deux ans. D’un autre côté, les compensations à base d’actions ont doublé en quelques années, à 400 millions de dollars, signe d’une volonté de retenir les talents.
Autre indicateur inquiétant pour 2016 : une nette hausse des TAC, ces commissions reversées aux partenaires au titre de l’acquisition de trafic. La facture devrait atteindre 1 milliard de dollars cette année, contre 875 millions en 2015. Marissa Mayer, la patronne de Yahoo, maintient que cette stratégie est « profitable », mais n’entre pas davantage dans les détails.
Il faudra également compter avec une probable dépréciation des actifs possédés en Asie… et des revenus associés. Notamment au niveau de Yahoo Japan : la situation est tendue avec son propriétaire SoftBank.
Plus globalement, les investisseurs contactés par Re/code disent avoir du mal à cerner quelles activités sont profitables et lesquelles ne le sont pas. D’autant plus que certaines répartitions ne sont pas claires, que ce soit au niveau des entités régionales ou des dépenses, placées arbitrairement dans l’un ou l’autre segment.
En outre, beaucoup d’enjeux sont laissés sous silence, de la baisse des revenus display à la gestion de Tumblr en passant par l’avenir des divisions médias, concernées au premier chef par la restructuration de Yahoo.
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