« Si vous vous abonnez à moi, je m’abonnerai en retour. »
Une course contre la montre est lancée dans la communauté YouTube après la modification des critères de monétisation des vidéos.
Depuis quelques mois, seules les chaînes ayant cumulé au moins 10 000 vues pouvaient prétendre générer des revenus, que ce soit grâce à des annonces publicitaires ou dans le cadre l’offre payante YouTube Red.
Les règles du jeu vont changer en deux temps : immédiatement pour les chaînes créées à compter de ce 18 janvier 2018… et à partir du 20 février pour les autres.
La monétisation des vidéos ne pourra être activée qu’à condition d’avoir au moins 1 000 abonnés et 4 000 vues cumulées sur douze mois.
YouTube reconnaît que « de nombreuses chaînes » seront affectées, mais assure, d’une part, que leurs revenus étaient négligeables (moins de 100 dollars par an pour 99 % d’entre elles) et de l’autre, que cette évolution est « nécessaire ».
La patronne Susan Wojcicki l’avait annoncé voilà quelques semaines : il en va d’une logique de lutte contre les contenus « problématiques », utilisés pour « tromper » et « manipuler » l’opinion, voire à des fins de harcèlement.
En toile de fond, une vague de protestation qui remonte au printemps dernier. Choqués de voir leurs marques associés à des vidéos indésirables (faisant notamment l’apologie du terrorisme), plusieurs centaines d’annonceurs avaient organisé un boycott. De grands comme L’Oréal, McDonald’s et Starbucks étaient dans la boucle.
Face à cette fronde, YouTube avait annoncé renforcer ses mécanismes de détection des contenus « sensibles », notamment grâce à l’IA.
La reconnaissance d’images est exploitée dans ce cadre, tout comme l’apprentissage automatique, pour développer des algorithmes de classification.
Le paramètre humain n’est cependant pas écarté : Google (maison mère de YouTube) estime que dans ses rangs, 10 000 personnes seront impliquées sur le sujet en 2018… dont un certain nombre pour entraîner les algorithmes.
La plate-forme vidéo reconnaît ne pas avoir encore tranché certains aspects. Tout particulièrement le cas des chaînes qui satisfont aux nouveaux critères, mais qui diffusent des contenus considérés comme indésirables*.
Logan Paul est dans ce cas. Suivi par près de 16 millions de personnes, l’Américain de 22 ans a récemment été sanctionné pour une vidéo controversée présentant un cadavre dans une forêt japonaise connue pour être le théâtre de nombreux suicides.
Sa chaîne n’a toutefois pas été fermée, quand bien même ses leviers de monétisation ont été restreints. Alors que dans le même temps, des chaînes moins populaires sont sanctionnées pour des contenus que leurs créateurs estiment bien moins offensants.
Le Guardian donne l’exemple d’une YouTubeuse bisexuelle dont certains contenus ont été jugés « inadéquats pour les annonceurs ». L’intéressée affirme ne pas comprendre comment des vidéos d’elle en sous-vêtements ont pu passer à travers les mailles du filet, quand d’autres la présentant en train d’embrasser une femme ont été signalées.
* Un YouTubeur entrant dans cette catégorie avait réagi aux déclarations de Susan Wojcicki en suggérant que la taille de la chaîne soit prise en compte (la sienne, fermée, comptait « plus de 900 vidéos », dont « trois qui ont fait l’objet de signalements »). Il avait par ailleurs dénoncé l’inefficacité du dispositif qui permet de s’opposer à la « démonétisation » d’une chaîne.
Crédit photo : Clintus McGintus via Visualhunt.com / CC BY-NC-SA
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