Le Web français s’est enflammé à la suite de la publication par Owni.fr d’un document de travail de la Fédération française des télécoms.
Celui-ci évoquait des pistes de plafonnement de l’accès Internet haut débit par le fixe. Alors que les Français se sont habitués à la dimension de l’illimité (tout comme le multi play).
En qualité de Directeur général de la FFT, Yves Le Mouël balaie l’idée d’enterrer l’Internet illimité. Mais il admet que chaque opérateur est libre de réfléchir à des moyens marketing et techniques de « limitation ».
La « théorie » va-t-elle devenir une réalité ? Dans la volonté de segmenter davantage les offres haut débit, la tentation paraît grande mais ce sera plus délicat sans remporter l’adhésion des clients. (Interview réalisée le 22/08/11)
ITespresso.fr : Quelle est la nature du document de travail diffusé par Owni.fr et qui a suscité une polémique sur le plafonnement de l’Internet fixe ?
Yves Le Mouël : A la suite des recommandations de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes relatives à la neutralité du Net émises fin 2010, il a été demandé à la Fédération française des télécoms de mener une consultation avec les associations de défense des consommateurs et l’Association française des fournisseurs d’accès et de services Internet (AFA). Celle-ci abordait deux sujets : la transparence des offres des opérateurs et la gestion du trafic par les opérateurs. Les travaux ont été menés au cours du premier semestre 2011. Au sein de la FFT, nous nous sommes attelés avec le groupe de travail qui s’occupe de la Net neutralité à l’élaboration d’un document à vocation pédagogique pour les consommateurs. Un guide qui devait servir de réponses à des questions comme : « Quand je signe un contrat, à quoi je m’engage ? », « Quelle va être la réalité de l’offre qui me sera fournie ? » On a fait un document de travail (publié par Owni.fr), associé à un tableau qui reprenait de manière exhaustive les caractéristiques des offres mobiles et fixes des opérateurs. Ils reprenaient des éléments qui pourraient faire une limitation d’une manière théorique. Ce document a été envoyé fin juillet à nos interlocuteurs. Nous allons en rediscuter à la rentrée avec eux pour peaufiner le document.
ITespresso.fr : Le dernier tableau en annexe sur la « proposition de découpage par gamme pour le fixe » a suscité une polémique. Il fait référence à des « débit IP maximum de l’offre », des « plafonds de consommation » ou des « limitations de téléchargement par session »…
Yves Le Mouël : On a fait une interprétation très excessive de ce qui était marquée dans ce tableau. Les opérateurs n’ont pas envie d’arrêter la dimension de l’Internet illimité. Cela serait contre-nature. Les opérateurs ont développé leurs offres autour de ce type d’accès. Elles n’ont pas vocation à être stoppées aujourd’hui. D’ailleurs, on ne fait pas de marketing à la FFT. Les opérateurs viennent discuter et partager un certain nombre de choses ici. Mais ils ne dévoilent leurs stratégies commerciales dans ce cadre. La concurrence est assez aigüe entre eux.
ITespresso.fr : Pourtant, au moins un opérateur a placé des idées de critères de limitation dans le fixe qui pourraient rentrer dans des futures grilles marketing…
Yves Le Mouël : Sans doute. Je ne suis pas complétement naïf. Nous avons cherché d’être exhaustif sur ces critères. Les opérateurs sont libres de les appliquer ou non. A mon avis, la pression concurrentielle va empêcher toute velléité de limiter l’accès haut débit. En France, il y a cinq gros opérateurs engagés dans l’Internet fixe [Orange, SFR et Bouygues Telecom, membres de la FFT et Free et Numericable de l’autre, ndlr]. Sans compter sur l’arrivée de nouveaux entrants sur ce marché comme Virgin Mobile ou La Poste. L’épisode de la hausse de la TVA dans les offres télécoms, que nous avons connue en début d’année, est révélatrice : il a suffi qu’un seul opérateur refuse de répercuter cette augmentation sur ses offres [Bouygues Telecom en l’occurence, ndlr] pour que les concurrents s’alignent. Tout cela me semble aller au bénéfice du consommateur.
(Lire la fin de l’interview page 2)
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